mardi 28 janvier 2014

LA PANÉGYRISTE D'IBERVILLE


Yvonne Labelle s’est illustrée comme bibliothécaire, journaliste, romancière et surtout comme l’auteur de la chronique d’Iberville la plus minutieuse jamais parue à ce jour.


Yvonne à 19 ans

Elle est née à Farnham, le 25 août 1896, de Romuald Labelle et d’Alice Thuot, tous deux issus de familles ibervilloises aux très longues racines.


Le 29 avril 1898, elle est suivie de son frère Conrad, le célèbre contrebandier, puis la famille revient à Iberville en 1901, au berceau familial, et Romuald y ouvre une boulangerie.


Inscrite au prestigieux couvent Marguerite-Bourgeoys des Sœurs de la Congrégation, Yvonne a environ 13 ans lorsqu’elle se découvre le goût de l’écriture et qu’elle s’y livre avec une délectation que les Sœurs jugent malsaine... Tous ses manuscrits de roman sont détruits au fur et à mesure de leur production.


Elle termine néanmoins brillamment ses études en 1915 et couronne le tout en décrochant la médaille d’or du cours supérieur.


L’année suivante, toute la famille déménage aux États-Unis et s’installe à Champlain, dans le New York. De ce séjour de 6 ans, elle garde le souvenir de merveilleux voyages et surtout, de la découverte de la mer, qui exercera sur elle une fascination de tous les moments.


En 1922, les Labelle reviennent à Iberville et Yvonne tâte alors du journalisme. Elle entame une carrière d’une dizaine d’années au Canada Français, dont la politique salariale, au début, se résumait à lui offrir une boîte de chocolats aux Fêtes.


Et pourtant, elle y officiait autant à titre de correctrice d’épreuves que de correspondante à Iberville. Pour arrondir ses fins de mois, elles place des articles dans de nombreuses autres publications.


Parallèlement, elle accepte le poste de conservatrice bénévole de la bibliothèque de Saint-Athanase, un poste qu’elle va occuper durant 57 ans avec ardeur, initiative et dévouement. Deux chiffres indiquent bien l’ampleur de son activité : à son arrivée en 1927, la bibliothèque comptait 444 livres en tout et pour tout; en 1984, à son départ, elle en présentait plus de 10 000.


Toute cette activité n’a toutefois pas tari sa verve romancière et, en 1930, elle fait paraître au Canada français « La peur d’aimer », et « Jours d’orage » en 1939, ce dernier soulignant le centenaire du soulèvement des Patriotes de 1838 à Napierville.


Sa vocation d’historienne lui est venue durant son séjour aux États-Unis. Elle y a pris la mesure de l’assimilation rapide des réfugiés économiques Canadiens français ayant fui leur pays dans l’espoir de trouver la prospérité dans les filatures textiles de la Nouvelle-Angleterre.


Cette première sensibilité s’est cristallisée lorsque le notaire Rodolphe Fournier, fondateur de la Société historique de la Vallée du Richelieu – ancêtre de notre société d’histoire – lui a demandé un texte sur Iberville. Elle était membre de cette société depuis sa fondation en 1952, et accepta d’emblée.


Elle croyait pouvoir s’en tirer en écoutant les récits des anciens, mais il s’avéra très rapidement que ceux-ci manquaient de précisions et se contredisaient fréquemment. C’est alors qu’elle de met à dépouiller les archives – procès-verbaux de la paroisse, de la ville d’Iberville, de la municipalité de paroisse, de l’église Saint-Athanase et même ceux du cercle des fermières et d’autres organismes locaux.


En 1956, elle publie le résultat de ses recherches sous le titre « Monographie d’Iberville », encore aux presses du Canada Français, où elle a aussi publié « Lieu de naissance du ruisseau Hazen » en 1946.


Puis, elle reprend sa monographie d’Iberville, la complète , l’augmente et la publie sous le titre général de « Monographie d’Iberville, 2e édition ». 7 tomes en sortiront : « La seigneurie et les seigneurs de Bleury et les premiers colons », en 1970; « Autour de nos clochers », en 1971; « Belles années scolaires » en 1972; « Notre région » en 1973; « Loisirs d’autrefois » en 1974; « Les arts chez nous » en 1975 » et finalement « Les échos du passé : réalité du présent » en 1976.


Il s’agit là de son œuvre maîtresse, celle par laquelle Yvonne Labelle s’est gagné une place au panthéon de notre région.


Mais le démon des archives ne la quittait pas. En 1978, elle décide de publier le récit des exploits de son frère Conrad qui, de boulanger-pâtissier, était devenu un célèbre contrebandier, complice d’Al Capone durant la période de prohibition de l’alcool aux États-Unis.


À 91 ans, en 1987, quelques jours avant sa mort, elle se dépêchait de terminer un roman qu’elle n’avait pas l’intention de confier à un éditeur. Le titre provisoire en était « Le petit page ».


Elle est décédée à Iberville, le 20 septembre 1987.


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