mardi 4 mars 2014

LE CANADA-FRANÇAIS : D'ORGANE PARTISAN À MÉDIA GÉNÉRALISTE









Au 19e siècle, les journaux québécois sont d’abord et avant tout des feuilles d’opinion publiées par les partis politiques, ou par des factions au sein de ces formations.

C’est ainsi que l’ancien premier ministre Adolphe Chapleau, transfuge à Ottawa, avait créé La Presse, en 1884, pour faire pièce aux journaux que son collègue et ennemi Hector Langevin avait lâchés contre lui pour lui reprocher de venir pêcher dans la même mare aux prébendes que lui...

Honoré Mercier lui-même avait eu recours au même procédé.  Excédé d’être attaqué sur sa gauche par La Patrie d’Honoré Beaugrand, il s’était allié à Félix-Gabriel Marchand pour fonder Le Temps, un journal libéral qui se voulait modéré.

Le Temps n’aura qu’une existence éphémère, mais Marchand attrape la piqûre.

 
Félix-Gabriel Marchand

Le 6 juillet 1893, lui qui deviendra premier ministre du Québec 4 ans plus tard, fonde Le Canada Français afin de répondre à la propagande conservatrice véhiculée par le Franco-Canadien dans les comtés électoraux de Saint-Jean, d’Iberville et de Napierville.



Le journal réussit si bien qu’il parvient à acheter le Franco-Canadien en octobre 1895 et pendant 70 ans, à partir du 25 octobre 1895 jusqu’en 1964, la publication portera la double appellation.

Mais bien avant cela, les journaux partisans, les uns après les autres, cèdent le pas aux grands journaux d’information imités du modèle étatsunien.

Pour sa part, le Canada français semble éprouver de plus en plus de difficultés à trouver des clients et des abonnés.  Il s’en remet même à la poésie pour recruter la clientèle.



Et toujours en 1937, donc deux ans avant la 2e Guerre Mondiale, le journal annonce que dorénavant il ne sera plus un journal de parti, mais un « hebdomadaire dévoué aux intérêts de toute la région».

Même s’il a cessé de se référer au Franco-Canadien dès 1964, l’hebdomadaire fait quand même remonter à la naissance de cette publication, en 1860, sa propre fondation.

Ceci lui permet d’avouer l’âge vénérable de 154 ans et de se proclamer le deuxième plus ancien journal de langue française en Amérique du Nord (fondé en 1853, le Courrier de Saint-Hyacinthe est le plus ancien).

Très longtemps, le journal a fait miroiter son indépendance, se disant très fier de n’être affilié à aucun grand groupe de presse et il s'est voulu le «média de référence» pour tout le Haut-Richelieu.

Le premier août 2011, une nouvelle ère s'est ouverte alors que les 3 actionnaires de la publication annonçaient avoir passé le flambeau au conglomérat Transcontinental...

L'avenir nous dira quelle mission la nouvelle organisation compte réserver au journal.

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