mardi 16 septembre 2014

LA BATAILLE DU LAC CHAMPLAIN






Nous reprenons aujourd’hui – en le synthétisant – un long article paru dans le quotidien Plattsburgh Press-sentinel du 11 septembre 1957 pour marquer la victoire historique des Étatsuniens contre les troupes britanniques d’invasion. 

Après une interruption de 32 ans, la ville de Plattsburgh elle-même reprenait le flambeau de la commémoration de cette geste historique majeure. 


L’ENNEMI VENAIT DU CANADA FORT DE 14 000 HOMMES

Il y a deux cents ans – du 6 au 11 septembre 1814 – Plattsburgh et ses environs sont entrés dans l’histoire.  Là s’est déroulée la bataille ultime entre deux armées anglo-saxonnes.

Les 6 derniers jours de la guerre de 1812 se sont terminés là – le 11 septembre[1] 1814 – par la victoire décisive remportée par le contre-amiral Thomas Macdonough dans la baie de Cumberland contre une flotte britannique supérieure en nombre.
[...]

La seconde guerre contre les Britanniques fut proclamée par le président James Madison, le 17 juin, 1812, mais la nouvelle n’en parvint à Plattsburgh que le 17 juillet.

Le commerce avec le Canada devint immédiatement illégal et l’armement des navires de douane[2] fut renforcé en empruntant des armes à feu à l’arsenal de l’État à Plattsburgh. 
[...]

Quant à l’ennemi, il ne se manifesta que l’année suivante.
Le 2 juin 1813, au matin, le lieutenant Sidney Smith, à la tête des corvettes « Growler » et « Eagle » prend en chasse des navires britanniques et les repousse jusqu’à l’Île aux Têtes, de l’autre côté de la frontière, où, après de violents engagements, ses deux navires sont capturés.

Ces navires furent ajoutés à la flotte d’invasion composée aussi de galères à rames, forte de 1 400 hommes et dont la mission consistait à détruire le maximum de bâtiments publics et d’entrepôts appartenant au gouvernement des États-Unis.

[Laissée à elle-même, la milice renonce à engager le combat et se replie rapidement.]

En revenant en ville, le lendemain, les miliciens ne trouvèrent que ruines, les édifices publics et nombre de bâtiments privés ayant été détruits.  Même le cantonnement de Pike, à 3 kilomètres en amont sur la Saranac avait été attaqué.

Ayant quitté Plattsburgh, l’ennemi prit terre sur le côté est de la péninsule de Cumberland et détruisit l’entrepôt gouvernemental situé à côté de la maison Hagar. 
[...]

Au printemps 1814, le secrétaire à la guerre[3] ordonna au général Izard de fortifier « Rouses Point » afin d’empêcher les incursions ennemies dans le lac.

Loin de se conformer, Izard indiqua qu’il préférait s’installer dans la péninsule de Cumberland, où il érigea le « Fort Izard », dont les ruines sont encore visibles tout près de la vieille ferme Tabberah, tout juste au nord du carrefour menant au traversier.

En même temps, Izard entreprit de faire construire des forts au sud du village.  Ce sont les forts Moreau, Brown et Scott.

Le fort Moreau, le plus imposant des trois, occupait une crête sise entre la rivière et le lac.  Quant au fort Scott, il était situé un peu à l’est du premier. (Ces deux forts ont été arasés, en 1892, pour faire place au terrain d’exercices de la garnison.)

Pour sa part, le fort Brown était situé à l’ouest de la rue Peru, tout juste au nord du cimetière catholique et en face de l’entrée nord de la base militaire.
[...]

En août 1813, le général Izard fut envoyé sur le front ouest, laissant la défense de Plattsburgh au seul général Alexander Macomb et ses 2 500 hommes.  Macomb retira immédiatement ses forces de la péninsule Cumberland et les posta au sud du village.

Au même moment, 6 000 hommes de troupes se trouvaient à Champlain et 3 000 autres à Chazy.  Quant à Macomb, il prit ses quartiers d’hiver à 3 kilomètres au nord de Chazy.

Quand la campagne militaire s’ouvrit en 1814, les civils vivant près de la frontière se réfugièrent encore à Peru.

Au mois d’août, un contingent britannique de 1 000 hommes s’approcha.  Or, il ne restait plus que 100 soldats étatsuniens sous le commandement du colonel Riley à Chazy.  Devant un tel déséquilibre des forces, Riley ordonna le repli.

Quelques jours plus tard, un raid indien vint à Chazy, mais sans faire de dégâts et, le 31 août, l’armée britannique commandée par le général Brisbane installa son bivouac sur la rive nord de la Grande Chazy, ce qui poussa le général étatsunien Benjamin Mooers à ordonner le repli en masse des milices des comtés de Clinton et d’Essex.

Le 2 septembre, le lieutenant-colonel Thomas Miller, à la tête de ses miliciens, prit position le long du chemin Beekmantown, près de Chazy.

Le lendemain, 14 000 hommes de troupe britannique franchissaient la frontière et se lançaient vers Champlain.  Le 4, ils partaient vers Chazy.
La flotte britannique entrait dans le lac Champlain.  Elle était dirigée par le capitaine George Downie et la flotte américaine par le commodore Thomas Macdonough. 

L'objectif des envahisseurs était d’attendre que la flotte britannique détruise la flotte américaine, à Sackett's Harbour, dans le lac Ontario, puis d'aller de l'avant en attaquant les 4000 hommes stationnés à Plattsburgh.

Le 5, l’aile droite de l’armée britannique, commandée par le colonel Wellington (neveu de lord Wellington), arriva à Chazy Ouest tandis que l’aile gauche empruntait l’actuelle route 9.

Durant la nuit, l’aile droite campa à 3 kilomètres au nord de Beekmantown Corners sur une terre connue maintenant comme la ferme Scribner, mais qui appartenait à Miner Lewis à l’époque.

Le matin du 6, un corps de la milice d’Essex, commandée par le colonel David B. McNeil, rencontra les forces britanniques tout juste au nord de là. 
 
Après une courte escarmouche, la milice se retira au sud de Beekmantown Corners, où elle fut rejointe par les troupes du major John E. Wood.

Un nouvel accrochage eut lieu et plusieurs miliciens furent blessés; la milice se retrancha alors à la colline Culver.  Là se trouve une plaque portant l’inscription suivante : « Colline Culver, 6 septembre 1814.  Près d’ici sont tombés le caporal Partridge, milicien du comté d’Essex ainsi que le lieutenant-colonel Wellington et l’enseigne John Chapman, de la 3e armée britannique de terre. »

Le colonel Wellington était en effet à cheval à la tête de ses troupes et, arrivant au sommet de la colline, il aurait agité son couvre-chef en criant : « Ils sont là, allons-y »,  avant d’être promptement abattu.  Il a été enterré sur place.

Le 11 septembre, Downie se lance dans une attaque navale contre les navires étatsuniens.  Très mauvaise décision, car en plus des vents contraires, il doit affronter une marine beaucoup plus aguerrie que ce que son mépris lui avait laissé attendre.

Le 11 septembre 1814, donc, après environ 3 heures de combat acharné, la flotte britannique subit dans la baie de Plattsburgh une défaite humiliante, et Downie lui-même y perd la vie.   Mais ce n’est pas tout.

L’attaque de Downie devait couvrir l’attaque par terre des troupes de George Prévost, gouverneur en chef du Canada.

Voyant sa flotte détruite, Prévost n’écouta que son courage et battit immédiatement la retraite.

Ainsi se terminait cette campagne d’invasion.

Prévost, à qui on reprochait cette déroute mortifiante, fut immédiatement rappelé à Londres et ne put jamais effacer son déshonneur.





[1] Même quantième que les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles de New York.  Dans les deux cas, il s’agissait d’actions militaires contre les États-Unis.
[2] Ces navires de douane patrouillaient les divers plans d’eau du pays afin de combattre la contrebande. (NdT)
[3] Les États-Unis n’ont pas de ministres.  Le président n’a que des secrétaires.  NdT.

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