mardi 28 octobre 2014

INVASIONS DE DOMICILE


Le fait de voir des bandits pénétrer de force dans des maisons en présence de leurs habitants pour y voler argent, bijoux et autres objets de valeur nous effraie tous et continue de défrayer la manchette.
Il ne faudrait toutefois pas croire que le procédé est nouveau et que les brigands du 21e siècle sont pires que ceux d’antan.
Le Canada Français du 26 octobre 1894 nous apprend qu’à la Pointe à la Mule (lieu-dit sis au carrefour de l’actuelle route 223 et de la rue Principale de Saint-Blaise) des tramps (mot étasunien signifiant vagabond) ont essayé d’entrer chez Édouard Lafond, alors que sa femme s’y trouvait seule.
Heureusement pour elle, leur gros chien a mis les envahisseurs en déroute, mais c’est l’occasion pour l’hebdomadaire d’énumérer les méfaits de ces tramps (mot qui, soit dit en passant, s’est transformé en trimpe, chez nous).
Le journal ne les soupçonne pas seulement de ces invasions mal venues, mais les accuse carrément de mettre le feu à des granges pour attirer les badauds, ce qui leur permettrait ensuite de cambrioler à leur guise.
À la Pointe, justement, les deux granges de Marcelin Robert viennent de passer au feu et tout laisse penser que l’incendie a été allumé par des mains criminelles puisque ces granges ne sont pas du tout voisines et que les flammes n’auraient en aucun cas pu sauter d’un bâtiment à l’autre.
Le journaliste laisse même entendre que cet incendie aurait fort pu être allumé précisément par ceux qui ont ensuite tenté de s’en prendre à l’épouse et à la maison de M. Lafond.

mardi 21 octobre 2014

LE 22e – Cent ans déjà!




Le 28 juin 1914, un coup de feu mortel est tiré à Sarajevo, faisant jouer le fouillis inextricable des  alliances européennes et déclenchant la Première Guerre mondiale.

Rapidement Londres enjoint à sa colonie canadienne d’entrer dans la ronde meurtrière, ce qu’Ottawa fait sans discuter dès le 4 août.

Des Canadiens-français se portent immédiatement volontaires pour voler au secours de la Mère-Patrie, mais n’apprécient guère de se faire cracher des ordres dans une langue étrangère.

Leurs protestations portent fruit, et un bataillon canadien-français est formé le 21 octobre, mais toujours de mauvaise foi, l’état-major le nomme 22nd Infantry Batallion (French Canadian)...

Placé sous le commandement du colonel Frédéric Gaudet, le bataillon naît officiellement chez nous à la garnison de Saint-Jean.

Fort de plus de 1 000 soldats, le bataillon subit son entraînement accéléré avant d’être expédié dans les tranchées d’Ypres, en Belgique.

Il se couvrira de gloire par de nombreux gestes d’éclat.

Avec d’autant plus de mérite qu’il devait se protéger non seulement contre les Allemands, mais également contre la malveillance et l’arrogance anglo-saxonnes.

Mais sa vitalité et son dynamisme sont devenus évidents pour tout le monde.  
 
Monument en l'honneur du 22e - Place George V - Québec
Cette année, cette brillante formation fête son centenaire.

Joyeux anniversaire!


mardi 14 octobre 2014

CHRISTIEVILLE CHANGE DE NOM



Le nom de Christieville n’aura eu qu’une existence éphémère, soit de 1815 à 1859.
Il avait été donné, en 1815, au lieu-dit Mille Roches, posé sur la rive droite du Richelieu là où, en effet, les galets arrondis abondent au fond de l’eau et c’est en son honneur propre que le seigneur William Plenderleath Christie avait rebaptisé l’agglomération.
Mais à peine 5 ans après l’abolition du régime seigneurial (1854) et moins de 15 ans après le décès de Christie (1845), les élus se souviennent de toutes les avanies que ce dernier a fait subir aux Canadiens français.
Ses démarches incessantes pour éradiquer le fait français et catholique sont encore dans toutes les mémoires.
Selon les édiles municipaux, il est inconvenant, en 1859,  de perpétuer la mémoire d’un personnage si peu fréquentable et la décision est prise d’honorer plutôt un véritable héros.
  Le choix se porte rapidement sur Pierre Lemoyne d’Iberville (né le 20 juillet 1661, à Ville-Marie (Montréal), et mort à La Havane, le 9 juillet 1706). 
Voilà en effet un personnage  digne de la reconnaissance populaire, un personnage qui a illustré le peuple canadien français de la mer d'Hudson aux Antilles.


Et surtout, cet ardent marin a remporté aux commandes du Pélican de magnifiques batailles navales contre les ennemis anglais.  Il mérite bien cette distinction.
C’est ainsi que le bourg prendra désormais le nom d’Iberville, afin de mettre en valeur un passé éminemment glorieux.
Cette bonne idée aura une existence beaucoup plus longue puisqu’elle durera jusque au tout début du 21e siècle alors que, le 1er janvier 2001, la municipalité sera fusionnée avec la nouvelle ville de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Il ne subsiste dorénavant sur place qu’un nom de secteur pour rendre hommage à l’un des plus grands héros du Québec…

mardi 7 octobre 2014

NAISSANCE D’UN GÉANT




Au début du 20e siècle, les agriculteurs prennent de plus en plus conscience de leurs intérêts collectifs.
Déjà, à la fin du siècle précédent, le célèbre curé Labelle a tout fait pour susciter la naissance d’une agriculture industrielle capable de vendre sa production à l’étranger.
Ses longues batailles pour faire construire le «P’tit train du Nord» visaient justement à donner aux cultivateurs des Laurentides accès aux marchés internationaux via le port de Montréal.
En prolongement de ces batailles, un parti politique d’agriculteurs naît, sous l’impulsion de Noé Ponton, pour briguer les suffrages fédéraux à l’élection de 1924.
Échec cuisant!  Mais le clergé prend la balle au bond et suscite la création d’une association agricole.
  Le 1er octobre 1924, plus de 2 000 cultivateurs sont réunis à Québec pour créer l’UNION CATHOLIQUE DES CULTIVATEURS du Québec, l’UCC, et, dès sa naissance, ils lui donnent le mandat de défendre leurs intérêts, notamment en prenant position sur des thèmes comme «l’enseignement agricole, le crédit agricole, la production et le commerce des produits de la ferme, la fiscalité, la colonisation».
  La crise de 1929 va faire passer toutes ces bonnes intentions sous le boisseau, les cultivateurs se rabattant sur l’auto-consommation pour survivre.

  En revanche, la 2e guerre mondiale sèmera la prospérité au Québec et, du même coup, fera revivre l’idéal de l’agriculture commerciale.  L’UCC sait alors saisir l’occasion d’exiger une forte représentation des agriculteurs afin de négocier, à leur intention, de meilleures conditions face aux grandes compagnies d’alimentation.  
  À force d’exiger, à force de talonner les élus, l’UCC finit par obtenir du gouvernement Duplessis, en 1956, la mise en place des plans conjoints, espèces de conventions collectives liant producteurs et acheteurs.
Cette réussite amène l’organisation à se concevoir désormais comme un véritable syndicat agissant en fonction des rapports de force et donc en mesure d’exiger de tous les cultivateurs, membres ou non, une cotisation obligatoire.
Cette exigence sera satisfaite en 1972. 
L’UCC en profitera pour changer de nom.
Elle s’appellera désormais l’Union des producteurs agricoles, l’UPA.