mardi 18 février 2014

DE L'AUTARCIE À L'INDUSTRIE : COMME L’AGRICULTURE A CHANGÉ...



L’agriculture québécoise a choisi de se moderniser, au milieu du 19e siècle en privilégiant l’élevage laitier et accessoirement l’élevage porcin quitte à s’approvisionner en grains de provende venant des grandes plaines de l’ouest.


Cette situation est demeurée relativement confortable tant que l’Angleterre absorbait la presque totalité de la production fromagère et la presque totalité des porcs.

Mais progressivement, ces marchés se sont fermés, notamment après la 2e guerre mondiale et la recherche de nouveaux débouchés est devenue impérative.

Première solution : cesser d’importer les céréales de l’ouest et les cultiver chez nous afin d’abaisser le coût de l’alimentation animale.

Dans ce grand remue-méninges, on souhaite faire migrer l’élevage vers les terres les moins fertiles tandis que la Vallée du Richelieu est désignée comme « naturellement adaptée à la monoculture du maïs-grain »[1] puisqu’elle est très fertile et qu’elle déploie les vastes surfaces planes requises par l’agriculture industrielle.

Malgré ces avantages « naturels », cette nouvelle vocation décidée d'en haut va exiger des virages très importants.

D’abord, le centre de recherche du ministère de l’agriculture à Saint-Hyacinthe est chargé de mettre au point de nouveaux cultivars de maïs-grain mieux adaptés au sol et au climat de la région.


Mission accomplie avec les premières plantations commerciales en 1958, plantations non seulement de maïs, mais également de soja.

Agronomes et autres spécialistes des grandes cultures sont alors mobilisés pour répandre la bonne parole auprès des cultivateurs.

Mais se posent alors d’autres problèmes, car il faut absolument drainer les terres et leur fournir d’importantes quantités d’engrais azotés pour répondre aux énormes exigences en azote du maïs.


Et qui dit fertilisation, dit risque de pollution...

Quant au drainage, c’est peu de dire qu’il modifie en profondeur l’écoulement normal des eaux.  Or, dans la vallée du Richelieu, il a été pratiqué à une haute échelle.

En 1951, en effet, il n’existait aucune terre drainée dans la vallée.  20 ans plus tard, 4240 hectares sont équipés de drains.


Bref, c’est toute l’écologie de la région qui a été modifiée par ce passage de l’agriculture maraîchère presque de subsistance à l’agriculture industrielle plus préoccupée des marchés que de la biodiversité.

La vallée du Richelieu est devenue méconnaissable.

En 60 ans à peine, quel changement...


[1] Les mutations de l'agriculture au Québec : l'introduction du maïs-grain dans la Vallée du Richelieu après la seconde guerre mondiale, Myriam  Brouillette-Paradis, Mémoire présenté à l’Université du Québec à Trois-Rivières, mai 2010.