L’agriculture
québécoise a choisi de se moderniser, au milieu du 19e siècle en
privilégiant l’élevage laitier et accessoirement l’élevage porcin quitte à
s’approvisionner en grains de provende venant des grandes plaines de l’ouest.
Cette
situation est demeurée relativement confortable tant que l’Angleterre absorbait
la presque totalité de la production fromagère et la presque totalité des
porcs.
Mais
progressivement, ces marchés se sont fermés, notamment après la 2e
guerre mondiale et la recherche de nouveaux débouchés est devenue impérative.
Première
solution : cesser d’importer les céréales de l’ouest et les cultiver chez
nous afin d’abaisser le coût de l’alimentation animale.
Dans ce
grand remue-méninges, on souhaite faire migrer l’élevage vers les terres les
moins fertiles tandis que la Vallée du Richelieu est désignée comme
« naturellement adaptée à la monoculture du maïs-grain »[1]
puisqu’elle est très fertile et qu’elle déploie les vastes surfaces planes
requises par l’agriculture industrielle.
Malgré
ces avantages « naturels », cette nouvelle vocation décidée d'en haut va exiger des
virages très importants.
D’abord,
le centre de recherche du ministère de l’agriculture à Saint-Hyacinthe est
chargé de mettre au point de nouveaux cultivars de maïs-grain mieux adaptés au
sol et au climat de la région.
Mission
accomplie avec les premières plantations commerciales en 1958, plantations non
seulement de maïs, mais également de soja.
Agronomes
et autres spécialistes des grandes cultures sont alors mobilisés pour répandre
la bonne parole auprès des cultivateurs.
Mais se
posent alors d’autres problèmes, car il faut absolument drainer les terres et
leur fournir d’importantes quantités d’engrais azotés pour répondre aux énormes
exigences en azote du maïs.
Et qui
dit fertilisation, dit risque de pollution...
Quant
au drainage, c’est peu de dire qu’il modifie en profondeur l’écoulement normal
des eaux. Or, dans la vallée du
Richelieu, il a été pratiqué à une haute échelle.
En
1951, en effet, il n’existait aucune terre drainée dans la vallée. 20 ans plus tard, 4240 hectares sont équipés
de drains.
Bref,
c’est toute l’écologie de la région qui a été modifiée par ce passage de
l’agriculture maraîchère presque de subsistance à l’agriculture industrielle
plus préoccupée des marchés que de la biodiversité.
La vallée du Richelieu est devenue méconnaissable.
En 60 ans à peine, quel changement...
En 60 ans à peine, quel changement...
[1] Les
mutations de l'agriculture au Québec : l'introduction du maïs-grain dans la
Vallée du Richelieu après la seconde guerre mondiale, Myriam Brouillette-Paradis, Mémoire présenté à l’Université
du Québec à Trois-Rivières, mai 2010.