mardi 17 juin 2014

LES VITRAUX DU MIRACULÉ



14 minutes...


Il y a 100 ans, le 29 mai 1914, coulait, dans le Saint-Laurent au large de Pointe-au-Père, l’immense paquebot Empress of Ireland[1], 14 minutes seulement après être entré en collision avec le charbonnier norvégien Stokstad.



Sur les 1 477 personnes à bord de l’Empress, à peine 465 ont survécu.



Parmi celles-ci figurait le célèbre avocat et homme d’affaires Louis-Aldéï Gosselin (1869-1934), qui avait pris une cabine de première classe et qui prévoyait se rendre à Londres et à Paris y vendre explosifs et munitions en prévision de la guerre qui menaçait.



Heureusement pour lui, il souffrait d’insomnie et était éveillé lors de la collision.


Il a pu rapidement sortir sur le pont, remarquer un radeau qui dérivait à proximité du navire, s’en emparer avec d’autres passagers et s’employer finalement à repêcher les personnes se débattant dans les eaux glaciales du fleuve.



Le drame n’était pas terminé, cependant, car les officiers et l’équipage du Stokstad ne voulaient en rien porter secours à quiconque.



Ce n’est qu’après de longues discussions, ponctuées de menaces, que les Norvégiens ont consenti à s’occuper des sinistrés.



Me Gosselin a longtemps et durement dénoncé ce qu’il qualifiait de «geste répugnant et  inhumain».



Revenant vite à ses entreprises, Me Gosselin a tenu à poser un geste d’éclat en guise de remerciement pour avoir
survécu : il fit un don généreux à l’église de Saint-Alexandre, sa paroisse natale, pour payer la plupart des vitraux.



Il donna en plus une reproduction d’un tableau italien représentant Saint-Alexandre-soldat.



La 1ère Guerre mondiale s’étant déclarée peu de temps après, le drame de l’Empress fut rapidement
oublié, mais pas la générosité de Me Gosselin.



Toutefois, la rumeur voulut  que c'était au naufrage du Titanic qu'il avait survécu…



Ce n’est que récemment que la vérité a pu être rétablie, vérité bientôt doublée d’un nouveau geste de générosité.



Madame Rolande Dubreuil-Gosselin, bru de Me Gosselin, a légué à la fabrique de Saint-Alexandre, une somme considérable, mais non divulguée, pour l’entretien de l’église et de ses vitraux.
Me Gosselin repose d’ailleurs dans cette église.

  














[1] L’Empress of Ireland était un navire aux dimensions considérables : 174 mètres de long, 20 mètres de large et 22 mètres de haut.  Le Titanic était néanmoins plus conséquent : 269 mètres de long, 28 mètres de large et 53 mètres de haut.