mardi 28 avril 2015

OLIVAR ASSELIN (1874-1937)









Olivar Asselin

Décidément, le Canada Français sait reconnaître nos grands personnages.
 


Après avoir signalé  - en 1924 – la disparition de notre grand poète Albert Lozeau voici qu’en 1937 c’est la lourde perte d’Olivar Asselin que le journal tient à marquer. En UNE évidemment.



Journaliste de choc, Asselin a dû toucher à mille métiers – dont militaire, courtier en immeubles et fonctionnaire – pour boucler ses fins de mois et nourrir son épouse et ses 4 enfants.



Mais c’est surtout le journaliste nationaliste et amoureux de la langue française que la postérité honore encore de nos jours.



Critique littéraire féroce, il a dénoncé avec une rare élégance les dérives de la langue française telle que pratiquée par des forçats de la plume.



Jules Fournier
Mais en même temps, il savait reconnaître le véritable talent là où il se trouvait.



D’où ses éloges envers Jules Fournier dont il préfacera l’œuvre posthume MON ENCRIER.  




Lionel Groulx
D'où, aussi, la célébration du chanoine Lionel Groulx dont la prose nationaliste l’enchantait. 
 
Car nationaliste, Asselin l’aura été de bout en bout, allant jusqu’à fonder avec Henri Bourassa  l’hebdomadaire LE NATIONALISTE, qu’il va diriger jusqu’en 1910, c’est-à-dire jusqu’à la fondation du DEVOIR, à laquelle il va participer aux côtés de Bourassa.





Sa fibre nationaliste le poussera à insister sur la nécessité de mieux s’occuper de l’éducation de nos enfants afin de les préparer à vivre dans une société dorénavant profondément transformée par les nouvelles technologies. 



Ce combat lui vaudra de solides démêlés avec le clergé catholique qui sentait son monopole ainsi menacé.



Engagé volontaire lors de la première guerre mondiale, il multiplie les actes de bravoure et reçoit à ce titre la LÉGION D’HONNEUR française.



De retour au pays, il prend en charge un centre d’accueil pour vieux clochards et autres itinérants abandonnés.



Lui-même atteint d’athérosclérose, il doit démissionner de ce poste pour raisons de santé.



Il retourne néanmoins au journalisme pour diriger LE CANADA en 1930 puis, 5 ans plus tard, il fonde ses propres journaux : L’ORDRE et LA RENAISSANCE.



Sa santé minée, il demande sa mise à la  retraite en 1937, retraite qui lui est refusée. Il meurt quelque semaines plus tard, le 18 avril 1937.



Le Canada Français s’est honoré en publiant son éloge funèbre dès la semaine suivante.


mardi 21 avril 2015

SE MARIER L’APRÈS-MIDI?




Vouloir étaler publiquement son statut social et montrer que l’on a mieux réussi que le voisin est sans doute l’une des manies humaines les plus répandues et les couples du Haut-Richelieu n’y ont pas plus échappé que ceux d’ailleurs.

La cérémonie du mariage a longtemps été une bonne façon d’arborer sa prospérité[1].

La manière de décorer l’église avec ostentation, le luxe des habits, l’amplification du nombre d’invités : tout concourait à faire comprendre le message.

Mais il existait aussi un jeu plus subtil.

Le choix du samedi comme jour d'union n’était pas imposé par l’église, mais dès le 19e siècle, le mariage ne peut-être célébré après 10 heures du matin, car tant le prêtre que tous les participants doivent être à jeun.

S’institue alors la coutume de faire payer plus cher le mariage de fin de matinée, laissant à la cérémonie de la levée du jour la réputation d’une union « à rabais »…

Bref, pour « faire riche », il faut se marier tard.

Dans le Haut-Richelieu, cette coutume ne prendra fin qu'au début des années 1960.

En 1964, en effet, l’évêque de Saint-Jean, Mgr Gérard-Marie Coderre, permettra les mariages en après-midi, mais avec des réserves toutefois.

Connaissant la réputation des mariages tardifs et souhaitant la briser, il va jusqu’à interdire, dans son mandement, que cela serve à la création d’une nouvelle classe de mariage…

4 ans plus tard, le Québec imposait le mariage civil comme seul authentique et laissait aux églises les célébrations purement religieuses.

Cette transition s’est faite sans heurt, car les citoyens avaient déjà amorcé l’abandon de la pratique.

De plus en plus, le mariage à l'église ne faisait que simple figure de rite de passage. 



[1] Ce texte a été inspiré par http://id.erudit.org/iderudit/1006765ar

mardi 14 avril 2015

SAINT-JACQUES-LE-MINEUR AU FÉMININ.










Voici un cas d’une extrême rareté : un village conçu et réalisé par une femme, et cela dans une seigneurie dont elle n’est même pas la seigneuresse.


Au début des années 1820, Marie-Flavie Raymond (1804-1877), fille du riche marchand de Laprairie et co-député de Huntingdon, Jean-Baptiste Raymond, décide de fonder un village à l’instar de son père qui a fondé La Tortue (Saint-Mathieu), dans la paroisse de Saint-Philippe-de-Laprairie.


Son père lui a en effet donné de vastes terres dans la pointe nord-ouest de la seigneurie de Léry avec quelque débordement dans la seigneurie de Laprairie et dans le canton de Sherrington,  terres qui longent l’amorce du chemin reliant Laprairie à Saint-Philippe et qui doit se prolonger jusqu’au Coin Douglass, à Saint-Cyprien.


Dès 1823, Mademoiselle Raymond (elle épouse John McCallum en 1824) entreprend de vendre ses terrains dans le but d’y faire naître une agglomération, opération terminée en 1828.


Le village contient alors 63 lots pour une superficie totale 35,5 arpents.


Elle fait rédiger les contrats de vente de manière à décourager le paiement rapide du capital préférant toucher les intérêts le plus longtemps possible.


Elle fixe d’ailleurs le taux de ces intérêts à 6% du capital, auxquels elle ajoute des redevances de style seigneurial qui peuvent varier du simple au décuple sans que ces différences aient quelque lien que ce soit avec la superficie ou la qualité des lots ainsi vendus…


À ces conditions, elle impose aux acheteurs de construire une maison dans les deux ans et de clôturer leur terrain.


En revanche, elle ne force personne à entretenir les rues ce qui, du point de vue de l’acheteur, est plutôt favorable.


La plupart des acheteurs viennent de Laprairie et seulement quelques uns de Saint-Philippe, de Saint-Cyprien et de L’Acadie.



L’agglomération ne sera érigée en paroisse que le 26 novembre 1834.


Marie-Flavie Raymond fait donc mentir l’habitude de penser que, dans la zone seigneuriale, seuls les seigneurs planifiaient et implantaient des villages de leur choix.


Saint-Jacques en est le contre-exemple parfait.






Mais il y a une autre singularité dans cette histoire.


Marie-Flavie Raymond est en effet l’arrière-grand-mère… de Maurice Duplessis, premier ministre du Québec de 1936 à 1939, et de 1944 à 1959.


Elle a épousé John McCallum et en a eu, notamment, Marie-Charlotte Esther Emma, laquelle a épousé Laurent Ubalde Genest.


Et Marie-Florence Bernadine, la fille de ces derniers,  a convolé en justes noces avec Nérée Le Noblet Duplessis puis a donné naissance à Maurice…




mardi 7 avril 2015

AGRICULTURE DÉFICIENTE



En 1910, la situation économique déjà difficile se complique à Saint-Jean d’une inflation plus importante qu’ailleurs.

Les produits de la ferme vendus au marché municipal y sont notablement plus chers que partout ailleurs.

Heureusement qu’en même temps, les loyers n’ont pas suivi cette tendance et offrent un peu de répit aux portefeuilles des citadins.

Ces données viennent de la Gazette du Travail, une publication du ministère fédéral du travail créée en 1900 et qui peut être considérée comme l’un des ancêtres de Statistiques Canada.


Le Canada Français les reprend pour se plaindre des pratiques culturales des fermiers des environs.

Selon le journal, ces fermiers se contentent d’élever des vaches à lait et de cultiver du foin, au lieu de suivre l’évolution du marché et de se lancer dans l’élevage des bêtes de boucherie et des volailles.

Résultat : les prix grimpent de façon inquiétante et les terres sont appauvries par la monoculture du foin.



Pour remettre ces dernières en état de produire correctement, il y faudra du temps et de lourds investissements.

Bref, rien pour laisser espérer un redressement rapide.