mardi 21 avril 2015

SE MARIER L’APRÈS-MIDI?




Vouloir étaler publiquement son statut social et montrer que l’on a mieux réussi que le voisin est sans doute l’une des manies humaines les plus répandues et les couples du Haut-Richelieu n’y ont pas plus échappé que ceux d’ailleurs.

La cérémonie du mariage a longtemps été une bonne façon d’arborer sa prospérité[1].

La manière de décorer l’église avec ostentation, le luxe des habits, l’amplification du nombre d’invités : tout concourait à faire comprendre le message.

Mais il existait aussi un jeu plus subtil.

Le choix du samedi comme jour d'union n’était pas imposé par l’église, mais dès le 19e siècle, le mariage ne peut-être célébré après 10 heures du matin, car tant le prêtre que tous les participants doivent être à jeun.

S’institue alors la coutume de faire payer plus cher le mariage de fin de matinée, laissant à la cérémonie de la levée du jour la réputation d’une union « à rabais »…

Bref, pour « faire riche », il faut se marier tard.

Dans le Haut-Richelieu, cette coutume ne prendra fin qu'au début des années 1960.

En 1964, en effet, l’évêque de Saint-Jean, Mgr Gérard-Marie Coderre, permettra les mariages en après-midi, mais avec des réserves toutefois.

Connaissant la réputation des mariages tardifs et souhaitant la briser, il va jusqu’à interdire, dans son mandement, que cela serve à la création d’une nouvelle classe de mariage…

4 ans plus tard, le Québec imposait le mariage civil comme seul authentique et laissait aux églises les célébrations purement religieuses.

Cette transition s’est faite sans heurt, car les citoyens avaient déjà amorcé l’abandon de la pratique.

De plus en plus, le mariage à l'église ne faisait que simple figure de rite de passage. 



[1] Ce texte a été inspiré par http://id.erudit.org/iderudit/1006765ar

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