mardi 26 mai 2015

UN PETIT MYSTÈRE



À Saint-Cyprien, la montée Castagne relie le chemin Saint-Cyprien (route 219) à la Deuxième ligne.
En argot, castagne signifie coup de poing ou bagarre.
Ici, il rappelle le nom d’une famille de riverains qui y a habité au 19e siècle avant d’émigrer aux États-Unis.
Aujourd’hui, la montée, regorgeant de nids de poule et de fondrières, est à peine carrossable.
Pourtant, dès 1917, en pleine Première guerre mondiale, Saint-Cyprien l’a « macadamisée », selon le vocabulaire de l’époque.
Armé d’une subvention de 5 000$ du ministère de la Voirie, le Conseil, sous la direction du maire Hormidas Hébert, embauche d’ailleurs à cette fin, lors de sa séance du 26 mai 1917, Jules Couture, oncle des célèbres écrivaines cypriotes, les sœurs Grégoire[1], comme « instructeur » (chargé de projet).

Lors de cette même séance, le salaire de tous ceux qui seront appelés à œuvrer à cette tâche est déterminé par résolution.
On apprend ainsi que l’instructeur Couture touchera «30 centins par heure d’ouvrage». 
La tâche a été entreprise, mais en juillet, Jules Couture remet sa démission pour raisons de santé et il est immédiatement remplacé par Anatole Fortin, cultivateur de Saint-Cyprien.
Le 6 août, par ailleurs, le Conseil adopte, par résolution, le montant des salaires à verser aux 22 personnes ayant travaillé au « macadamisage » durant les semaines finissant les 7, 14, et 21 juillet 1917.
Y figurent Anatole Fortin (53,10$), Jules Couture (8$) et le conseiller Joseph Derome (3$).  
On trouve même une Clara Fradette (11,10$), mais aucune indication ne figure sur la tâche qui lui était confiée.
On revient donc au petit mystère évoqué dans le titre : Comment se fait-il qu’un chemin si bien entretenu en 1917 soit en si piètre état maintenant?
Cet épisode serait-il le seul où de l’asphalte aurait été étendu là?


[1] https://www.facebook.com/notes/societe-dhistoire-du-haut-richelieu/antoinette-gr%C3%A9goire-de-saint-cyprien-%C3%A0-br%C3%A9beuf-la-dame-de-la-rivi%C3%A8re-rouge/459850237369428

mardi 19 mai 2015

LE LONGUEUILLOIS QUI N’EN ÉTAIT PAS UN.




De nos jours, nous entendons de plus en plus parler de bactéries devenues résistantes aux antibiotiques.

Certains savants vont même jusqu’à affirmer que les maladies infectieuses - qu’on avait pourtant crues vaincues par la pénicilline et autres antibiotiques – vont revenir en force et redevenir les principales causes de mortalité dans le monde.

Cependant, les chercheurs ne baissent pas les bras et cherchent des solutions de rechange pour suppléer les antibiotiques lorsque ceux-ci n’agissent plus.

Ils se tournent donc de plus en plus vers l’utilisation de virus capables de tuer les bactéries pathogènes, des virus qu’on appelle bactériophages.
Bactériophage - Dessin illustrant le système d'arrimage et d'injection du virus.

Or, ces bactériophages ont été découverts, au début du 20e siècle, dans le laboratoire que Félix d’Hérelle,
Félix d'Hérelle, à environ 30 ans.
un chercheur un peu touche-à-tout, s’était installé à Montréal.

Il a lui-même utilisé ses découvertes pour combattre les invasions de sauterelles en Amérique du sud et pour soigner la dysenterie chez les humains.

Ses travaux reviennent en vogue, comme nous l’avons dit, pour remplacer ses antibiotiques défaillants.

Sujet intéressant pour notre chronique historique : on a longtemps cru – et d’Hérelle a laissé croire – qu’il était né à Longueuil en 1873.

Or, des fureteurs ont déniché son acte de naissance : il serait né à Paris.

Cela n’enlève rien à la qualité de ses travaux ni qu’ils aient été en bonne partie réalisés à Montréal, mais…

mardi 12 mai 2015

SEIZE ANS DÉJÀ...




Le 15 mai 1991.  Il est à peine 8h30 le matin et Yves Laforest met le pied au sommet du mont Everest, l’endroit le plus élevé de la Terre entière.

Ce conseiller pédagogique de la Commission scolaire de Saint-Jean sait que son temps là-haut est compté.
Photo : archives La Presse

Il jette de longs regards sur le Népal et le Tibet, mitraille le panorama d’innombrables photos, communique avec le camp de base et laisse éclater sa joie d’être le premier Québécois à poser le pied en ce lieu mythique.

Devenu une vedette instantanée, il vit assez mal sa notoriété et cherche à se faire oublier en émigrant en Colombie-Britannique, où il trouvera la mort au cours d’une expédition en 2003.

En 1999, il sera suivi par un autre Québécois au sommet du monde.

Bernard Voyer, le grand explorateur, aura un mot d’esprit pour qualifier son exploit.

Prétextant que d’après la tectonique des plaques, l'Himalaya est le résultat de la collision de la plaque indienne et de la plaque eurasienne et que cette collision continue de faire croître l’Everest, il affirmera avoir « grimpé plus haut» que Laforest…

mardi 5 mai 2015

UN ATTENTAT ANTI-MILITAIRE EN 1963




Nous avons tous en mémoire le sordide attentat qui a coûté la vie à l’adjudant Patrice Vincent, le 20 octobre de l’an dernier.

On se souvient peut-être moins qu’en 1963, Saint-Jean a connu un autre attentat anti-militaire.

1963, c’est l’année de naissance du FLQ, un groupe formé de jeunes impatients et désespérés par la situation d’infériorité dans laquelle est maintenu le Québec par les forces d’occupation canadiennes.

Le groupe marque son entrée dans la vie publique par une série d’attentats à la bombe.

Le 21 avril, le veilleur de nuit Wilfrid O’Neil, en service au centre de recrutement de l’armée, rue Sherbrooke ouest, est tué par un engin explosif.

Totalement désolé de cette mort non voulue, le FLQ publie néanmoins un communiqué disant que cela ne l’arrêtera pas et, pour en administrer la preuve, il dépose 3 bombes le 3 mai : 2 à Montréal et l’une à Saint-Jean.

À Saint-Jean, c’est le siège de la légion canadienne qui est visé et qui est lourdement endommagé par l’explosion.

En tout, le FLQ aura déposé 200 engins explosifs.

 Son combat aura, d’une part, mené à une prise de conscience nationale chez les Québécois, et d’autre part, à une réaction antidémocratique et à la répression militaire canadienne en 1970.

Quant au pays il continue, comme le disait le poète Gaston Miron, à «frissonner à petit feu dans notre dos».