mardi 25 août 2015

EN 1855, DEUX SUJETS BIEN DE CHEZ NOUS : LANGUE ET ALCOOL.

Joseph-Gaspard Laviolette



À une session spéciale du Conseil municipal du Village de Napierville dûment convoquée par avis spécial donné à tous les membres dudit Conseil par le Maire dudit Conseil, tenue en la salle des séances ordinaires du Conseil, samedi, le vingt-cinquième jour du mois d’Août mil huit cent cinquante-cinq à sept heures de l’après-midi,
Présents :   
Joseph-Gaspard Laviolette, Maire,             
Fr.-X. Morrier, Joseph-Raymond  Crépeau, Louis Marceau, Toussaint Catudal, Grégoire Racicot, Conseillers  
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        1° Sur motion du Conseiller François-Raymond Morrier, secondé par le Conseiller Grégoire Racicot, que vu que presque tous les habitants de la dite municipalité du Village de Napierville parlent et entendent parfaitement la langue française, ce Conseil est d’opinion que la publication de tout avis, règlement ou résolution émanant dudit Conseil pourrait être faite à l’avenir dans la dite langue française seulement, sans préjudice aux habitants de la dite municipalité;

2° Sur motion dudit Conseiller François-Raymond Morrier, secondé par le Conseiller Grégoire Racicot, que le Secrétaire Provincial soit prié par le Secrétaire de ce Conseil de vouloir bien soumettre la résolution ci-dessus au Gouverneur Général afin qu’il plaise à son Excellence d’ordonner que la publication de tout avis, règlement ou résolution dudit Conseil soit faite à l’avenir dans la langue française seulement, en conformité à la dite résolution;


3° Sur motion du Conseiller Joseph-Raymond Crépeau, secondé par le Conseiller Grégoire Racicot, il fut résolu qu’un comité soit nommé pour aviser aux moyens à prendre pour qu’il ne soit plus vendu de liqueurs spiritueuses dans la dite municipalité.

Mr le Maire nomme les Conseillers suivants pour former le dit Comité, savoir : Joseph-Raymond Crépeau pour président dudit Comité, Grégoire Racicot, Louis Marceau et Toussaint Catudal.

Après quoi les procédés dudit Conseil furent ajournés au premier lundi du mois de septembre prochain à sept heures de l’après-midi.

                                                                             J-G Laviolette, Maire

Jos Brunelle, Sec.-Trés.

mardi 18 août 2015

L'AFFAIRE WADMORE


De nos jours, Saint-Jean s’enorgueillit d’être ville de garnison et de nombreuses initiatives viennent régulièrement resserrer les liens entre militaires et citoyens.

Il y a plus d’un siècle, la situation n’était pas aussi rose et les tensions se multipliaient.
Ainsi, le 17 août 1900, le Canada Français s’empare avec indignation de ce qu’il a appelé l’affaire Wadmore.


Le mardi précédent, le commandant Lyndhurst Wadmore a en effet ordonné l’arrestation de trois paisibles citoyens – tous Canadiens français, bien sûr – les a fait menotter puis, sous la menace d’un contingent armé, les a fait défiler dans les rues de la ville jusque à la prison.
Lt.-Col Lyndhurt Wadmore


Dès que les policiers ont été avertis de la chose, ils les ont immédiatement relâchés, mais le mal à la réputation était fait.

D’où l’article incendiaire du journal qui n’hésite pas à parler de tyran ni à utiliser divers adjectifs peu flatteurs.

La semaine suivante : beau geste, car le journal publie la lettre de justification dans laquelle Wadmore se défend de s’en être pris spécifiquement à des Canadiens français.

Mais après la missive du militaire, le journal ajoute une mise au point qui contredit toutes ses excuses et qui se termine par un brin d’ironie...









mardi 11 août 2015

QUERELLE D'ENCRE


Le 9 août 1895, le Canada Français, une feuille ultra-libérale d’à peine 2 ans[1] d’âge, pique une véritable colère contre son rival conservateur, le Franco-canadien, établi déjà dans la région depuis plus de trente ans[2].

Et que reproche-t-il à son adversaire?

Tout simplement d’avoir osé mettre en doute la justesse des politiques de « l’homme le plus respecté et le plus admiré du Dominion, notre chef l’honorable Wilfrid Laurier».

Aucune épithète n’est assez blessante, aucune injure suffisamment outrageante pour qualifier ce journal qui ose afficher ses allégeances conservatrices et qui donc fait preuve d’une «servilité de chien couchant».

On peut supposer que les prises de positions du Franco-canadien trouvaient un écho dans l’électorat pour susciter une telle algarade.

En tout cas, tous les moyens ont été pris pour faire taire cette voix gênante et, à peine 2 mois plus tard, soit le 25 octobre 1895, le Canada-Français achetait le Franco-Canadien, dont il n’est plus resté, désormais, que le nom dans le cartouche du journal.



Il n’en sera retiré qu’en 1964…



[1] Il a été fondé, le 6 juillet 1893, par Félix-Gabriel Marchand, futur Premier ministre libéral du Québec.
[2] Il était né le 1er juin 1860.

mardi 4 août 2015

TORTURE



Guillaume Couture (1618-1701)


Guillaume Couture , fondateur de la ville de Lévis, est l’ancêtre de tous les Couture d’Amérique du Nord.



Arrivé en Nouvelle-France en 1638, il est immédiatement chargé d’apprendre les langues iroquoiennes (Iroquois et Huron) afin de devenir interprète pour les Jésuites, auxquels il s’est « donné » jusqu’à nouvel ordre.



Ayant participé à la fondation de la mission de Saint-Marie-aux-Hurons sur les rives de la baie Georgienne (dans l’Ontario actuel), il y retourne au début du mois d’août 1642 (année de fondation de Montréal) avec le père Jogues, René Goupil et un contingent de Hurons alliés.



Le 4 août, ils sont attaqués par une bande iroquoise  dans les îles de Sorel.


Couture réussit à s’échapper, mais revient dans l’espoir de libérer ses compagnons et abat un chef ennemi avant d’être capturé à son tour.



Les attaquants et leurs prisonniers, qui sont brutalement torturés à la moindre occasion, retournent dans ce qui est maintenant le New York en empruntant le Richelieu et en passant par ce qui deviendra Saint-Jean.



Goupil sera rapidement assassiné.

Pour sa part, le père Jogues, gardé comme otage, réussira à s’évader avec l’aide des Hollandais et reviendra se faire assassiner quelques années plus tard.



Quant à Couture, il est adopté par la tribu.  Ayant tué l’un de ses chefs, il a le choix entre mourir sous la torture ou remplacer le chef dans toutes ses fonctions politiques et familiales.



Le choix est rapidement fait et Couture s’intègre si bien chez les Iroquois qu’il les convaincra de conclure la paix avec les Français, ce qui sera fait en 1645 (il y a donc 380 ans...).



Couture, que tout le monde de la colonie a cru mort, arrive à la tête d’une délégation iroquoise et, à titre d’interprète pour le gouverneur Montmagny, participe à la conclusion du premier traité de paix entre les Français et les Iroquois.


Il connaîtra une gamme très étendue d'autres aventures, découvrant notamment le lac Mistassini, prenant possession de la baie de James  et défendant Lévis contre l'attaque de Phips en 1691.



Il mourra en 1701, année de la conclusion du deuxième traité connu sous le nom de GRANDE PAIX DE MONTRÉAL.