mardi 29 septembre 2015

L'AFFAIRE MARIA MONK



À l’automne 1835, un journal de combat protestant, de New York, l’American Protestant Vindicator, lance une nouvelle et violente salve contre le catholicisme bien en selle au Québec : c’est l’affaire Maria Monk.


Selon cette publication, Maria Monk, ancienne postulante d’une communauté de femmes de Montréal, aurait fui aux États-Unis pour se soustraire aux indignités que lui faisaient subir l’évêque, Mgr Jean-Jacques Lartigue, et une cohorte de 5 prêtres.

Elle aurait également fui après avoir été forcée d’assassiner, avec d’autres sœurs de la communauté, une postulante qui ne voulait pas se soumettre aux exigences des prêtres.

L’affaire fait grand bruit quelque temps, mais le 24 octobre, le journal montréalais L'Ami du Peuple, de l'Ordre et des Lois fait part de son enquête : Maria Monk est une aventurière et la concubine d’un pasteur méthodiste, elle est payée pour répandre sa fable et elle n’a jamais été sœur à Montréal.

Malgré tout, un ouvrage est publié et tiré à 300 000 exemplaires sous le titre Horribles exposés des crimes commis au couvent de l'Hôtel-Dieu de Montréal.
Hôtel-Dieu de Montréal au début du 19e siècle.


Tout cela s’intégrait dans le combat fanatique lancé par les protestants étatsuniens dans l’espoir de freiner l’essor de l’église catholique au sud du 45e parallèle et faisait suite à l’attaque meurtrière lancée, le 11 août 1834 contre le couvent des Ursulines à Charlestown, en banlieue de Boston.

Dans ce «roman», Maria Monk continuait son travail de sape contre le « papisme ».

Elle se présentait comme née à Saint-Jean, à une date qu’elle ne précisait pas, de parents écossais et protestants.

Elle serait convertie assez jeune et aurait souhaité suivre sa vocation à l’Hôtel-Dieu et c'est là qu'elle aurait appris assez vite que les prêtres du séminaire y avaient leurs habitudes et que les enfants nés de ces relations étaient immédiatement baptisés puis étranglés.


Mais avec le succès de son livre, vinrent les convoitises. Les poursuites judiciaires se sont multipliées pour partager les bénéfices, et c'est ce qui a permis de faire la lumière sur la fraude.

Une enquête démontra que Maria Monk était bien née à Saint-Jean, en 1817, mais qu’un accident de son enfance lui avait fait subir des séquelles neurologiques graves qui l’ont confinée à l’asile de la Madeleine, de Montréal.

La description du couvent de l’Hôtel-Dieu qu’elle avait faite correspondait en fait à l’immeuble de cet asile.

Une fois l’enquête terminée, Maria Monk, peu rentable désormais, fut abandonnée par ses complices, qui l’avaient d’ailleurs dépouillée de tous ses biens.

Elle vécut quelque temps de la prostitution et, demi démente, mourut à New York en 1849 à l’âge de 32 ans.

Sa fable diffamatoire continua quand même, malgré sa fausseté avérée, d’être colportée encore longtemps.

Même Chiniquy, le prêtre apostat, la relança dans ses Mémoires.

mardi 22 septembre 2015

PARFOIS LA DÉMOCRATIE TRIOMPHE...




Nous sommes en 1820.

Des familles se sont installées au lieu-dit Côteau des Hêtres, dans la paroisse de Saint-Luc, pour y faire leur vie.

Ce côteau se trouve  à l'est du Chemin-de-Saint-Jean.  C'est la partie la moins fertile de la paroisse.

La plupart des colons vient de Laprairie et de Sainte-Marguerite-de-Blairfindie (L’Acadie).

Leur nombre ayant crû et l’église paroissiale se trouvant fort loin, et encore plus loin si l’on tient compte de l’état des chemins, des paroissiens ont demandé à l’évêque la construction d’une église chez eux.

À cette époque, au Bas-Canada, il n’y a qu’un seul diocèse, et c’est celui qui a son siège à Québec et qui est dirigé par Mgr Joseph-Octave Plessis.

Mgr Plessis a une vaste culture humaniste et c’est aussi un bibliophile passionné.

Toutefois, il admire beaucoup les récits militaires et, dans son diocèse, il compte que ses ordres seront obéis sans discussion : son clergé doit marcher droit.

Aussi, quand le curé de Saint-Luc, François Demers, lui écrit pour lui faire part de la demande populaire, il répond assez sèchement NON, le 2 novembre 1820.

Il explique brièvement que deux raisons principales s’y opposent.


Premièrement,  le Baron de Longueuil  - David Alexander Grant, ce coureur de dot qui a réussi à épouser la dernière descendante de l’illustre famille Lemoyne (ceci n’est évidemment pas mentionné dans la lettre du prélat) - veut que l’église soit construite à Saint-Jean, qu’il s’entête à appeler Dorchester;

Deuxièmement, lui-même souhaite que l’église soit construite en bordure du Richelieu et à deux ou trois kilomètres en amont de la ville.

Il termine sa missive en chargeant le curé Demers d’expliquer lui-même tout cela à ses ouailles…

Or, les paroissiens n’ayant jamais baissé les bras, ils ont fini par obtenir leur église – l’actuelle – sise précisément au Côteau des Hêtres…


mardi 15 septembre 2015

SAINT-CYPRIEN POINTÉ DU DOIGT



Au début du 20e siècle, les Canadiens français doivent se rendre à une évidence aveuglante : la confédération s’avère exactement le dangereux marché de dupes qu’avait dénoncé Honoré Mercier au moment où elle se négociait à coups de fausses promesses et de barils de whisky.


Les années 1920 et 1930 voient donc fleurir une multitude d’organismes voués à la défense de la nationalité et avec le but avoué de rétablir l’équilibre des forces.


L'Ordre des commandeurs de Jacques Cartier («La Patente »), fondé en Ontario, est sans doute le plus connu avec l'Association catholique de la jeunesse canadienne-française. 

Tout cet épanouissement s’accompagne de la fondation de revues plus ou moins nationalistes, dont évidemment l’Action nationale, encore publiée de nos jours.



Or, en septembre 1934, la revue s’inquiète particulièrement du sort réservé au français dans tous les services publics et les services gouvernementaux.


Un article signé LE GUET est particulièrement acéré en s'en prenant à toutes les manifestations du mépris affiché par les « Anglais » pour le fait francophone.


LE GUET est une association nationaliste fondée par de nombreux ténors de l’époque et dont le secrétaire a été André Laurendeau.


Et c’est dans cet article que Saint-Cyprien est pointé du doigt car c’est bien dans ce village que se trouve le lieu-dit Douglasburg…




Ce lieu se nomme de nos jours Coin Douglass (deux SS).



 Ce nom rappelle qu’il y eut là, jadis, un petit hameau fondé par Nathaniel Douglass, père et fils, des entrepreneurs venus là de Chazy, dans le New York, et ayant exploité une ferme dont l’admirable tenue a ébloui le célèbre arpenteur Joseph Bouchette.



mardi 8 septembre 2015

VIVE LA GASPÉSIE!



Même après le décès du célèbre colonisateur Antoine Labelle, mort en 1891, la volonté d’occuper le territoire et de rapatrier les Canadiens français exilés aux Etats-Unis ne s’est pas éteinte.

La société de colonisation de Montréal qu’il avait fondée en 1879 continuait son œuvre, et l’avait même étendue.

Le curé Labelle avait en effet suscité sa création pour occuper le « Nord », c’est-à-dire l’Outaouais et les Laurentides au nord de Montréal afin d’une part d’enrayer le mouvement massif d’émigration des nôtres vers les usines textiles étatsuniennes et d’autre part d’enrayer le mouvement d’accaparement de son Nord par des colons anglo-protestants.

Mais au début du XXe siècle, la Société a constaté ailleurs à la fois des besoins importants et des occasions en or.

Elle se lance donc dans le dithyrambe, mais cette fois-ci au profit de la Matapédia et de la Baie des Chaleurs.


Comment pourrait-on résister à de tels avantages.?

En fait, l’accès est si facile que même les Canadiens français exilés outre-frontière auraient tout avantage à s’y installer.


Et c’est signé :


Un exilé et un résident...
 
Et tout cela est publié chez nous, dans le Canada français du 8 septembre 1905.

Y eut-il des Johannais pour succomber à cet appel?

Mystère!

mardi 1 septembre 2015

LOUIS-HIPPOLITE LAFONTAINE ET SAINT-CYPRIEN





Louis-Hippolyte LaFontaine est sans conteste l’un des hommes politiques les plus célèbres de notre histoire.

On le crédite notamment de deux hauts faits particulièrement marquants, soit l’avènement du gouvernement représentatif et la reconnaissance du français dans les instances coloniales du Bas-Canada et du Haut-Canada.


Il aura marqué ces points vitaux pour notre peuple après avoir été emprisonné avec les Patriotes et après avoir montré comment les agissements de la «clique du Château» étaient non seulement malhonnêtes et criminels, mais aussi complètement contraires aux principes des institutions britanniques.

Bref, il aura utilisé leurs propres armes contre les occupants.


Ce que l’on sait moins, c’est que LaFontaine s’est marié deux fois, la deuxième avec une veuve habitant Saint-Cyprien.

En effet, cette dame avec laquelle il a convolé le 10 janvier 1861, à Notre-Dame-de-Grâce, était Julie Élizabeth Geneviève Morrison, nièce du curé de Saint-Cyprien, Mgr Charles-François-Calixte Morisson.

Morisson est célèbre pour avoir été curé de Saint-Cyprien durant 24 ans, de 1853 à sa mort en 1877, et pour avoir préféré rester curé là plutôt que d’aller vivre au Canada comme évêque de Vancouver…


De l’union avec Julie Élizabeth sont nés deux fils, tous deux morts en bas âge.

Louis-Hippolyte naît le 11 juillet 1862 et meurt en 1865.

Quant à Charles-François-Hippolyte, qui ne vivra qu'un an, il naît le 15 avril 1864, donc après le décès de son père,  lequel est mort, lui, le 26 février 1864.

Pour sa part, Dame LaFontaine survivra 41 ans à son époux et sera inhumée à Montréal le 16 août 1905.