mardi 27 octobre 2015

DES SOUCIS DE VOIE FERRÉE





Ce n’est pas d’hier que Saint-Jean se soucie des voies ferrées et des trains qui traversent son territoire.



Au 19e siècle, c’est la capacité de la ville de lever des impôts sur les infrastructures d’une compagnie ferroviaire qui retient l’attention.



La compagnie Central Vermont, dans la déclaration de biens pour fins d’évaluation municipale, a négligé de déclarer son pont sur le Richelieu de même que les rails posés sur ce dit pont.



Constatant cette infraction, la ville de Saint-Jean a voulu saisir les biens de la compagnie afin de se faire payer.



La compagnie a alors saisi la Cour supérieure, qui a donné raison à Saint-Jean, tout comme la Cour d’appel.



En revanche, la Cour suprême a renversé ces deux décisions et cet arrêt a même été confirmé par le Conseil privé de la puissance impériale[1].


Les représentants de Saint-Jean ont alors eu un commentaire tout à fait pertinent : la Cour supérieure et la Cour d’appel, deux tribunaux francophones, de même que les deux juges dissidents de la Cour suprême, eux aussi francophones, ont donné raison à la municipalité tandis que les autres juges, tous anglophones, ont décidé de limiter la capacité fiscale des municipalités québécoises…

Rien de nouveau sous le soleil, dirait-on...






[1] The Corporation of the Town of St. John and another v The Central Vermont Railway Company (Canada) [1889] UKPC 43 - (25 july 1889)


mardi 20 octobre 2015

UN GÉNIE OUBLIÉ



Saint-Jean et sa région, c’est bien connu, ont fourni au Québec de belles moissons de femmes et d’hommes notables.

Songeons à Rina Lasnier,
Rina Lasnier
 aux sœurs Grégoire
et à Yvonne Labelle en littérature puis à Honoré Mercier et Félix-Gabriel Marchand en politique, notamment.


Réputés de leur vivant, ces personnages ont bien souvent œuvré à bâtir eux-mêmes leur notoriété.

D’autres personnes, plus pudiques, ont préféré l’anonymat, même quand leur œuvre tenait au génie.

Ce fut le cas de Georges Edmond Tremblay, un sculpteur de première force à qui nous devons des œuvres inoubliables – mais souvent attribuées à autrui.

Né en 1878 à Cap-à-L’aigle, dans Charlevoix, G.E. Tremblay reçut sa formation au Vermont avant de s’installer dans la 9e avenue, à Iberville en 1907.

Là, son talent est vite remarqué par le grand sculpteur Alfred Laliberté, lequel décroche de nombreux contrats pour des monuments publics ou privés.

Le problème de Laliberté, c’est qu’il est très habile dans le modelage de ce qui deviendra statue de bronze, mais qu’il n’entend rien à la sculpture sur pierre.

Or, le granit et le marbre sont justement les points forts de Tremblay.

« À Laliberté le métal, à Tremblay la pierre. »

Ainsi naît une association de longue durée qui nous vaudra notamment la statue du Sacré-Cœur à Charlesbourg (1913), le monument de Dollard des Ormeaux à Carillon (1919) et celui de Dollard au Parc Lafontaine de Montréal (1920),
Parc Lafontaine

le monument du Curé Labelle à Saint-Jérôme (1924)
Bas reliefs ornant le piédestal de la statue du Curé Labelle à Saint-Jérôme
 


et le monument aux Patriotes au Pied-du-Courant à Montréal
ainsi que celui à Saint-Denis (1926).


Tous réalisés de concert avec Laliberté, on a tendance à les attribuer en totalité à ce dernier alors que la partie pierre – toujours excellemment réussie – est entièrement due à Tremblay.

Et son talent serait responsable de sa mort, car travaillant sans masque, il a été perpétuellement exposé à la poussière de ses matériaux.

Le 8 février 1939, à 61 ans, les poumons empoisonnés, il succombait à la silicose.

Difficile, de nos jours, de comprendre pourquoi un artiste si accompli a sombré dans un tel oubli.

Il est grand temps de le réhabiliter, en tout cas, et de lui réserver une place de choix dans notre panthéon.

mardi 13 octobre 2015

PERTE GÉANTE



Le 25 septembre 1900 mourait Félix-Gabriel Marchand, premier ministre du Québec, député de Saint-Jean et fondateur du Canada-Français.
C’est peu de dire que ce décès est durement ressenti à son journal, lequel, dès l’édition suivante, le 12 octobre, publie de pleines pages de louanges.
La Une est presque entièrement recouverte des coups d'encensoir publiés par divers autres journaux et le rédacteur a pris bien soin d’y faire alterner des citations tirées de journaux libéraux (de la famille de Marchand, donc) avec celles tirées de feuilles conservatrices.
C’est ainsi que le lecteur est invité à lire l’éloge funèbre en passant notamment de La Vérité


à La Presse (journal conservateur)

en passant par le Daily Telegraph

 et Le Soleil

Tous disent : « Le premier ministre est mort, vive le premier ministre. »

jeudi 8 octobre 2015

COMMUNICATION SPÉCIALE : UNE CONFÉRENCE SUR LES ACADIENS


Fidèle à son mandat, la SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DU HAUT-RICHELIEU offre régulièrement des conférences gratuites pour éclairer divers pans de notre passé collectif.
 


Dans cette foulée, la Société organise mardi prochain, 13 octobre 2015, à 19 heures 30, une conférence sur LES DÉPORTATIONS DES ACADIENS ET LES ARRIVÉES DES ACADIENS AU QUÉBEC ENTRE 1755 ET 1775.

À cette occasion, André-Carl Vachon, auteur et conférencier chevronné, lancera un coup de projecteur sur les diverses vagues de déportation ayant affligé les Acadiens du fait des envahisseurs anglais.
Originaire de Saint-Fabien-de-Panet, André-Carl Vachon est descendant des Acadiens s’étant réfugiés dans la première petite Cadie québécoise.
Il a obtenu un baccalauréat en enseignement religieux à l’Université de Montréal en 1996 et un certificat en histoire à l’UQÀM en 2005. 
Il a enseigné à la Commission scolaire des Hautes-Rivières entre 1996 et 2004 et au Collège Jean-Eudes  de 2004 à 2009. 
Depuis, il est animateur de vie spirituelle et d’engagement communautaire au Collège Jean-Eudes.



Conférence :    Les déportations acadiennes – Les arrivées des    Acadiens  au Québec entre 1755 et 1775
Conférencier : André-Carl Vachon
 Lieu :              Bibliothèque de généalogie
                       
                         Société d’histoire du Haut-Richelieu
                       
                         203, rue Jacques-Cartier Nord
                       
                         Saint-Jean-sur-Richelieu
Date :               Le mardi 13 octobre à 19 heures 30


mardi 6 octobre 2015

ON NE PLAISANTE PAS AVEC LE PAIN...





Au 19e siècle, le Conseil municipal de Saint-Cyprien[1] ne badinait pas avec la discipline.

À preuve, ce règlement du 1er octobre 1866 qui imposait amendes salées et même emprisonnement pour la fabrication de pains de mauvaise qualité…


Dorénavant, les pains fabriqués dans le village devaient être faits « de farine de froment bonne et saine», être moulés en demi-pains de 3 livres ou de pains entiers de 6 livres et porter les initiales du boulanger.

Quiconque contrevenait à l’une ou l’autre de ces dispositions s’exposait à la confiscation de tous les pains en infraction et à une amende de « vingt piastres » ou à un emprisonnement de trente jours.
    
Le règlement désigne en outre le boucher Antoine Richard comme inspecteur chargé de l’application dudit règlement et, dès la réunion suivante du Conseil le 3 décembre, les élus sont saisis de 3 cas de confiscation.


Les pains de Jean-François Laviolette, Narcisse Courville et William Gervais, jugés non-conformes, ont été pris par Antoine Richard et distribués aux pauvres, ce qu’approuvent les Conseillers.

Malgré cette approbation, les élus décident de  rembourser 3 pains et demi à William Gervais.

Quant à Narcisse Courville, il a payé «dix-sept piastres et douze centins».

Pas un mot de Laviolette

Mais là où cela devient intéressant c’est que ce William Gervais, qui a été remboursé, est lui-même un employé municipal puisqu’il est inspecteur des chemins publics pour l’arrondissement no. 2[2]

Mieux encore, l’inspecteur du pain  est aussi inspecteur de la voirie.

S'est-il agi là d'une querelle entre collègues?  Mystère!

Mais voyons la suite.

Antoine Richard devait s’assurer de la véracité du poids des pains vendus dans le village et, à cette fin,  il a acheté chez  Morier, Marceau et cie une «balance patentée» au prix d’une livre, dix-sept chelins et trois deniers.


Il a évidemment demandé d’en être défrayé et lors de sa session du 1er avril 1867, le Conseil autorise le secrétaire-trésorier à verser cette somme «aussitôt qu’il aura en mains des fonds disponibles appartenant à la Municipalité».

La même résolution prévoit que l’inspecteur Richard remettra ladite balance à la municipalité lors de sa sortie de charge.

Puis ce sujet disparaît des procès-verbaux jusqu’au 22 janvier 1872.

Antoine Richard signale à cette occasion qu’il occupe le poste d’inspecteur du pain depuis quatre ans déjà et qu’il n’a encore reçu aucune rémunération.

En conséquence, il demande une rétribution de 100$ pour couvrir son salaire de quatre ans.

Après délibération, le Conseil municipal ne lui refuse pas seulement son salaire, mais le remercie tout de go de ses services...


[1] Il est à noter qu’entre les années 1855 et 1873, le village de Saint-Cyprien englobait l’agglomération de Napierville, laquelle avait demandé d’être annexée.
[2] Livre des minutes no 2 de Saint-Cyprien, du 02-04-1866 au 01-05-1876.  L’arrondissement no 2 dont William Gervais était responsable  comprend « la partie nord du village de Napierville, savoir les rues Christie, Burton, la rue de communication entre ces deux rues et Douglass street. »