mardi 3 novembre 2015

PROTECTION FÉMININE




On a longtemps dit – et on continue de le dire dans certaines circonstances – que l’ancien Code civil du Québec nuisait considérablement aux femmes mariées et les réduisait au statut de pupille de leur mari.

Quoi qu’il en soit, Dame Hermine Labrice de Kérouac, épouse Corriveau, a su démontrer que ce statut pouvait être exploité.

Mariée en séparation de biens, Madame Corriveau est notamment propriétaire de vastes terres dans le district d’Iberville, terres où elle a considérablement investi pour en augmenter l’agrément et dont elle a loti une bonne partie à des fins de spéculation foncière.

Dans les faits, bien qu’elle soit la propriétaire de tout cela, elle en laisse l’entière gestion à son mari.

Dans le cours de ces affaires, elle emprunte 4 000 dollars à la compagnie Trust and Loan Company of Canada en février 1897 et consent une hypothèque en  garantie.

L’échéance étant survenue et aucun remboursement n’ayant été effectué, la compagnie créancière a intenté une poursuite qui a successivement été entendue par divers tribunaux avant d’aboutir au Conseil privé de Londres[1].


Et là, le 3 novembre 1903, la Dame Corriveau se trouve libérée de sa dette.

Elle a en effet affirmé que l’emprunt n’était pas destiné à embellir son domaine, mais à payer les dettes de jeu de son mari.

Or, le Code civil interdit aux femmes mariées en séparation de bien de s’engager au profit de leur époux.


Le prêteur aurait dû s’enquérir de la nature de l’emprunt avant de le consentir.

Il ne l’a pas fait, tant pis pour lui…

On peut parier qu’avec la nouvelle égalité, ce truc ne passerait plus.






[1] The Trust Loan Company of Canada v Gauthier and others (Quebec) [1903] UKPC 60 (3 November 1903).

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