mardi 23 février 2016

IL Y A 150 ANS - LES FÉNIENS





En Irlande, l’occupation britannique est aussi lourde qu’au Canada français.

Mais, au 19e siècle, des Irlandais décident d’agir et de prendre leur destin en main.

Solidement installés aux États-Unis, ils fondent le mouvement Fénien avec la volonté de saisir le Canada – dernière colonie britannique en Amérique du Nord – et d’échanger celle-ci contre la libération de leur pays.


En 1866 – il y a 150 ans – ils lancent une offensive dans la région de Saint-Armand et de Frelighsburg.

L’attaque est un échec, mais elle sert à inquiéter les frontaliers et à les placer sur le qui-vive.

À Saint-Bernard-de-Lacolle, le Curé Labelle, futur apôtre de la colonisation, se charge de l’entraînement de la milice afin de la préparer à « de brillants exploits » afin de protéger la « terre de nos aïeux ».

Il se procure même un clairon de grande taille pour scander les exercices des recrues.

En fait, sa maîtrise approximative de l’instrument, jointe à l’ennui de la marche au pas, pousse quelques jeunes hommes à pénétrer subrepticement dans le presbytère et à endommager le clairon au-delà de toute réparation possible, mettant ainsi un terme à la vocation du célèbre instructeur.

L’incident aura peu de conséquences, car, dans les faits, les Féniens n’inquiéteront jamais sa paroisse.

Ils tenteront cependant, en 1870, un second assaut à Frelighsburg et à Huntingdon, mais sans plus de succès.

Entretemps, en 1868, ils auront assassiné Thomas D'Arcy McGee, jugé comme traître parce qu’il prêchait l’union des Irlandais et des Anglais pour conclure la confédération canadienne…

mardi 16 février 2016

RONA





Rona – l’un des joyaux de nos entreprises marquantes et rayonnantes – vient de jeter la serviette et de se laisser avaler par un concurrent étranger…

Pourtant !   

Pourtant, il y a à peine 10 ans, en février 2006, Rona continuait son ascension ambitieuse en mettant la main sur Matériaux
Coupal, un groupe spécialisé dans la vente de matériaux de construction à l’industrie de l’habitation de la grande région métropolitaine de Montréal.

La compagnie Matériaux Coupal a  été fondée en 1914 à Henryville par Orpha Coupal.
Orpha Coupal

Lors de sa vente, elle exploitait neuf points de vente :  Henryville, Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Lambert, Vaudreuil, Napierville, Pierrefonds, Granby, Laval et L’Assomption et employait plus de 540 personnes.

En 2005, Coupal pesait  - en ventes - près de 125 millions de dollars.

Elle exploitait également deux usines de fabrication de fermes de toit, de poutrelles et de murs préfabriqués,  à Granby et à Saint-Lin-des-Laurentides, de même qu’une usine de finition intérieure à Granby.

C’est comme si Rona avait facilité l’expansion, chez nous, d’une multinationale étrangère en achetant tout ce qui était achetable – avant de se vendre…

mardi 9 février 2016

QUERELLE D’ANCÊTRES

Au Québec, les deux plus anciens journaux encore en circulation sont respectivement le
Courrier de Saint-Hyacinthe, fondé en 1853 et où Honoré Mercier a fulminé ses dénonciations contre le projet de confédération, et le
Canada Français, fondé par Félix-Gabriel Marchand, en 1893, mais qui fait remonter sa naissance à 1860 grâce à sa fusion avec le Franco-Canadien, né à cette date…



Tous deux étaient officiellement des feuilles « libérales », mais le Courrier était nettement plus « rouge » que le Canada français et défendait des positions nettement plus avancées, notamment en matière d’indépendance envers le clergé catholique.

Et, le 8 février 1896, cette « nuance » a valu au Courrier une philippique d’une rare vigueur de la part du Canada Français.


Accusé de voltairianisme – grave accusation au 19e siècle québécois – le Courrier est également accusé de s’abreuver aux pages de journaux révolutionnaires et anticléricaux français tels « Le Père Duchêne », « l’Intransigeant » et « La Lanterne* ».

Lancer des telles dénonciations n’a rien d’innocent en une période où les ultramontains tiennent le haut du pavé politique et tâchent de tout leur poids d’imposer les autorités catholiques au-dessus du gouvernement démocratiquement élu.

Pas même besoin de connaître la teneur de l’article à l’origine de cette diatribe colorée pour comprendre que le torchon brûlait ardemment dans le « giron libéral » à la fin du 19e siècle.

Assez curieusement, la colère semble avoir été si intense que le journal est daté du vendredi 8 février 1896 alors que le 8 février 1896 était en réalité un samedi…


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*On peut noter que «La lanterne» était également le titre d'un journal publié par Arthur Buies, autre bête noire des ultramontains.

mardi 2 février 2016

TUER L’ÉDUCATION




Charles-Eugène Boucher de Boucherville
Le 5 janvier 1898, le Québec se redonnait le ministère de l’éducation que le premier ministre Charles-Eugène Boucher de Boucherville avait supprimé en 1875.

Le cabinet de Félix-Gabriel Marchand souhaitait redonner à tous – garçons et filles, riches et moins riches – accès à l’éducation.


Le gouvernement désirait ainsi assurer l’avenir de la Nation.

À son avis, un ministre, responsable devant les élus, serait mieux à même de répondre aux besoins qu’un simple surintendant, bureaucrate peu appelé à répondre de ses actes.

Finalement, l’éducation devenant un enjeu démocratique, elle secouerait beaucoup mieux l’apathie des électeurs.

La loi est donc votée, mais c’est sans compter avec l’opposition absolue du clergé catholique qui voit dans cette loi une fissure capable de miner son emprise exclusive sur l’esprit de la population.

Votée démocratiquement, cette loi sera défaite par le clergé via le sénat, un organisme anti-démocratique où ne siègent que des gens nommés plutôt qu’élus.

Pire encore et triste à dire, mais c’est l’historien Thomas Chapais qui mène cette charge à fond de train contre l’avenir.
Thomas Chapais

En fait, cette bataille aura été si disgracieuse qu’il faudra attendre encore plus de 60 ans avant qu’un autre gouvernement du Québec ose créer un ministère de l’éducation.

Cette fois-là était la bonne pour le moment