mardi 29 mars 2016

VAINES TENTATIVES


Moulin et fortin à Lacolle


Nous sommes en novembre 1812.   

Les États-Unis d’Amérique, qui ont récemment gagné leur indépendance, souhaitent maintenant faire main-basse sur le Canada, colonie qui appartient encore à leur ennemie, l’Angleterre.

Sous le commandement du major-général Henry Dearborn,
Major-général Henry Dearborn
une partie des troupes d’invasion fait route vers Montréal, mais est stoppée à Lacolle, tout près de la frontière.

Dans un premier temps, les Étatsuniens s’emparent du fortin défendu, là, par des Anglais, mais peu de temps plus tard un autre contingent étatsunien attaque à son tour le fortin sans comprendre qu’il tire sur ses propres collègues.

Tandis que cette bataille fratricide fait rage, le
Commandant Charles de Salaberry
commandant Charles de Salaberry, à la tête de ses Voltigeurs canadiens-français, comprend tout le parti qu’il peut tirer de cet imbroglio et met rapidement les envahisseurs en déroute.

Pour ses états de service, Dearborn a été bombardé fonctionnaire municipal à New York...

Cependant, les envahisseurs n’avaient pas
Major-général James Wilkinson
renoncé à leur projet pour autant et, le 27 mars 1814, ils lâchent les troupes du major-général James Wilkinson contre Lacolle.

Là encore les troupes anglaises sont fortement mises à mal, mais les Voltigeurs de Salaberry viennent à nouveau à la rescousse et repoussent les importuns vers Plattsburgh, ce qui vaudra à Wilkinson d’être licencié de l’armée.

Pour sa part, Salaberry devient un héros populaire au Canada français.

Membre de la noblesse, il est élu député en 1818 et devient seigneur de Saint-Mathias en 1828.

Quant aux troupes étatsuniennes, elles firent un trait définitif sur leur volonté d’invasion du Bas-Canada.

mardi 22 mars 2016

DEUX POIDS, DEUX MESURES



                       
Valentine Shortis
Le 1er mars 1895, dans une tentative de vol à main armée, un immigrant irlandais du nom de Valentine Shortis tue deux employés de l’usine de la Montréal Cotton Company à Salaberry de Valleyfield, Maxime Leboeuf et un certain Loy. 


Lors de son procès, la Cour rejette son plaidoyer de folie passagère et le condamne à la peine capitale.


Le journal La Minerve s’en réjouit en ces termes dans son édition du 5 novembre:  « L'esprit de justice et le bon sens de l'homme des champs ont triomphé de la science des experts et de l'habileté des défenseurs. »


On se souvient en effet qu’en mai 1895 la défense d’aliénation mentale n’a pas été
retenue, en Ontario, dans le procès d’Amédée Chatelle, accusé de meurtre, ni dans le cas de
Louis Riel, victime, en 1885, de ce que Louis-Joseph Papineau qualifiait d’ « assassinat judiciaire ».


Bref, l’affaire est oubliée de presque tous et classée parmi les autres faits divers.


Sauf que…


Sauf que la famille de Shortis est très riche et entreprend de faire le siège du premier ministre fédéral conservateur Mackenzie Bowell et du gouverneur général Aberdeen, tous deux de bons britanniques au pouvoir au Canada.


À force d’argent, le père et la mère de l’assassin exercent tant de pressions que le condamné finit par bénéficier d’une commutation de peine, ce qui soulève une vague d’indignation peu commune chez les Canadiens français qui y voient une nouvelle démonstration du racisme dont ils sont victime de la part des autorités canadiennes.


Assez curieusement, le Canada Français, parfois chatouilleux en ces matières, se contente cette fois-ci de relater cette affaire de façon particulièrement neutre.



Étonnant!



mardi 15 mars 2016

AU THÉÂTRE






Chez nous, la fin du 19e siècle et le début du 20e ont vu une véritable floraison de troupes de théâtre.


Elles naissent bien sûr à Québec et à Montréal, mais organisent volontiers des tournées pour propager leur talent dans des régions moins bien servies.


Or, il semble que malgré son importance régionale, Saint-Jean soit la grande oubliée de ces circuits artistiques.


Voilà pourquoi, à la mi-mars 1906, le Canada Français se réjouit de voir la compagnie franco-québécoise Petitjean venir égayer le « désert » johannais avec sa pièce « Jeanne d’Arc. »


Cette pièce est en effet montée avec des costumes somptueux et des jeux d’éclairage « électriques » du meilleur effet et promet une soirée des plus délectables.


La troupe elle-même a d’ailleurs déjà acquis une réputation enviable.


Le directeur de la troupe, Léon Petitjean, un Français né en 1869, a co-fondé le « Théâtre des Variétés » à Montréal le 12 novembre 1898, à peine 2 ans après son arrivée au Québec.


C’est un des grands pionniers du théâtre au Québec et, au moment de sa venue à Saint-Jean, il a déjà 3 000 représentations à son actif.


Et il n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers puisqu’en 1921, à peine un an avant
sa mort, il publiera, de concert avec Henri Rollin, le mélodrame en 4 actes « Aurore, l’enfant martyre » relatant l’histoire de la petite Aurore Gagnon (1909 - 1920), morte des suites de mauvais traitements reçus des mains de sa belle-mère.


En venant chez nous en 1906, il réinsérait Saint-Jean dans l’itinéraire des troupes.




mardi 8 mars 2016

DOUBLE COLLISION FERROVIAIRE?





Est-il écrit que Saint-Jean aura toujours des aventures saugrenues avec les voies ferrées qui le traversent ?

L’incident du 8 janvier 1901 pourrait en tout cas le laisser penser.

Ce jour-là, un train de marchandises s’approche de la ville lorsque son conducteur aperçoit une locomotive seule venant à grande vitesse à sa rencontre sur la même voie.

Il applique immédiatement les freins d’urgence mais – oh étonnement - ils n’ont pas été entretenus depuis belle lurette et ne fonctionnent guère.  C’est à peine s’ils arrivent à provoquer un léger ralentissement.

En revanche, l’autre conducteur comprend qu’il n’a plus le temps de freiner et décide de faire machine-arrière.

Résultat :  la collision a bien lieu, mais sans provoquer de dommages réels.

Les deux conducteurs descendent de leurs engins pour venir se féliciter lorsque la locomotive seule, toujours sous la commande de machine-arrière, repart de reculons à grande vitesse en direction de Saint-Alexandre, Saint-Alexandre d’où arrive justement un grand convoi de marchandises…

L’inquiétude est grande et on prévoit une énorme catastrophe lorsqu’on se rend compte que la locomotive, faute d’avoir reçu de nouvelles pelletées de charbon, a manqué de vapeur et s’est quasi arrêtée d’elle-même.

On en est encore quitte pour une vaste frayeur.

L’histoire ne dit pas quelles leçons ont été tirées de ces graves incidents.