mardi 31 mai 2016

AFFRONTEMENT INTERMUNICIPAL



















En cette année 1966, le village de Saint-Cyprien doit reconnaître qu'il a perdu sa bataille : Québec vient de détacher une partie de son territoire pour le donner au village voisin de Napierville.



Se pliant à des demandes de promoteurs immobiliers locaux, Québec a en effet cédé à Napierville - sans compensation à Saint-Cyprien - un vaste territoire compris entre le rang des Patriotes Nord et le terrain de camping.




Pourtant, la bataille a été rude et le maire Rogel Lamoureux s'est démené tous azimuts pour empêcher cette déprédation.



Dès le 22 janvier 1962, donc 4 ans avant, il convoque une réunion spéciale de son Conseil municipal pour aviser aux moyens à prendre pour empêcher cette saisie injustifiée.



Important organisateur libéral dans la région, Rogel – comme tout un chacun se plaît à le désigner – croit bien qu'avec les Libéraux de Jean Lesage au pouvoir il pourra stopper ce qu'il considère comme une incongruité insupportable.




Ayant ses entrées dans le parti, il convainc donc son Conseil d'embaucher Me Gervaise Brisson pour piloter le dossier.



Ce choix n'a rien de désintéressé puisque Me Brisson est une avocate haut placée dans la hiérarchie libérale et elle est notamment, à cette époque, secrétaire de la « Commission d'enquête sur les méthodes d’achat utilisées au département de la Colonisation et au Service des Achats du gouvernement du 1er juillet 1955 au 30 juin 1960 ».

Il s'agit d'une commission chargée de faire la lumière sur les agissements financiers douteux de l'administration Duplessis.


On veut embaucher un tel poids lourd, car l'heure est grave puisque le Conseil municipal de Napierville a déjà adopté une résolution intégrant les terrains convoités dans son propre territoire.



Le maire Lamoureux se fait donc voter, lors d'une autre assemblée spéciale, une résolution lui donnant à lui et au conseiller Alexandre Morin le mandat de «  faire au nom de cette corporation (Corporation municipale de Saint-Cyprien) tous les pas et démarches et à signer toutes procédures nécessaires pour faire annuler ladite résolution du conseil de la corporation du village de Napierville et pour s’objecter (sic!) devant toute autorité à l’annexion demandée dans ladite résolution et à avancer le déboursé nécessaire à Me Gervaise Brisson à ces fins. »



Pendant 4 ans, « Rogel » va mener sans relâche une guérilla politique et judiciaire, mais à la fin du compte la triste réalité s'imposera : les promoteurs ont des appuis partisans plus solides que les siens…



L'annexion se fait en 1966.



En réalité, on se demande où se trouvait l'urgence puisque ces terrains usurpés sont seulement maintenant en train d'être développés, un demi-siècle après les faits.

mardi 24 mai 2016

LA ROUTE DU SALUT

Le Richelieu à Saint-Jean


En ce mois de mai 1911, l'heure est grave, car Québec s'apprête à choisir le tracé définitif de la route qui doit relier Montréal à Rouse's Point, dans le New York.

Or, Saint-Jean tient mordicus à ce que cette route passe par son territoire.

La situation économique y est difficile. Sa population a même régressé au début du siècle, passant de 4 700 personnes en 1891 à 4 000 à peine en 1901.

En 1911, la situation s'est un peu rétablie grâce aux efforts réussis pour attirer la multinationale Singer, mais il reste encore beaucoup à faire.


Une chose est sûre, c'est l'unanimité qui règne concernant cette affaire et le Canada Français y va même d'une pleine première page pour exiger la route.


Bien sûr, tous lorgnent sur les attraits touristiques à offrir tout le long du Richelieu et sur la riche bourse que l'on suppose aux futurs visiteurs étatsuniens, visiteurs qui pourraient être tentés par l'achat de maisons riveraines ou dont l’œil investisseur pourrait être intéressé par des industries établies ou à établir dans la région…
 
Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix
Mais même sans l'apport des villégiateurs, la route pourrait provoquer une hausse marquée de la valeur des maisons le long de son parcours, sans compter qu'elle offrirait aux cultivateurs l'accès facile et en tout temps aux gares ou aux marchés pour l'écoulement de leurs produits.

Les arguments ont évidemment porté puisque cette route internationale tant désirée a été construite et elle porte de nos jours le numéro 223.

Prolongeant la route 11 du New York au poste de Rouse's Point, elle longe la rive gauche du Richelieu jusqu'à Sorel-Tracy.
 
Église de Saint-Mathias et son cimetière clos.
Qualifiée désormais de « toute première route touristique officielle transfrontalière entre le Québec et le New York » elle offre en effet une grande richesse et une grande variété de lieux historiques et patrimoniaux à visiter.

mardi 17 mai 2016

IL Y A TRENTE ANS... LA TANCHE DE SAINT-ALEXANDRE



Tanche (tinca tinca)



Il arrive – assez fréquemment d’ailleurs – que les meilleures intentions virent à la catastrophe.


Prenez le cas de la tanche (Tinca tinca) un poisson d’eau douce à la chair fine et agréable au goût.


Originaire d’Eurasie, elle a été introduite volontairement aux États-Unis par le gouvernement fédéral à des fins d’élevage commercial.


Le nouvel arrivant a bientôt envahi la presque totalité des réseaux hydrographiques de nos voisins du sud, y semant désolation et nuisances de toutes sortes.  


Espèce envahissante, elle déstructure l’écologie partout où elle s’installe.


Cela était bien connu, en 1986, lorsque des investisseurs allemands se sont installés à Saint-Alexandre pour y élever commercialement des tanches.


L’entreprise n’a jamais atteint la rentabilité et bientôt les tanches, dont quelques unes s’étaient déjà échappées dans la nature, ont été simplement jetées dans le Richelieu.

Le malheur a voulu qu’elles se soient bien adaptées à ce nouvel environnement, qu’elles atteignent rapidement une taille appréciable (jusqu’à 54 cm de long) et qu’elles se soient mises à proliférer à la vitesse grand V.


La colossale crue de 2011 a d’ailleurs largement contribué à accélérer son expansion territoriale.



Elle est maintenant présente dans le lac Champlain et a entrepris de coloniser le Saint-Laurent entre Montréal et Québec avec une préférence marquée pour le lac Saint-Pierre.


Comme toute espèce invasive, celle-ci, en augmentant la concurrence pour l’alimentation, va considérablement modifier l’existence des espèces indigènes.


L’avenir du chevalier cuivré, un poisson déjà menacé et n’existant nulle part ailleurs au monde que dans le bassin du Richelieu, pourrait être soumis à une nouvelle rude épreuve capable de compromettre son avenir.


Belle réussite pour une tentative commerciale ratée.


mardi 10 mai 2016

IL Y A TROIS QUARTS DE SIÈCLE…



Le sud du Québec est notamment réputé pour ses cultures vivrières et pour ses riches vergers.
Qui dit agriculture dit évidemment insectes ravageurs et le besoin de se prémunir contre ces pestes s’est imposé rapidement.


Québec s’en est occupé rapidement, mais Ottawa a aussi voulu intervenir.

D’abord en installant un petit laboratoire portatif sur la colline de Covey, puis à Hemmingford.


Mais tout cela devient rapidement insuffisant et, en 1938, la Chambre de commerce de Saint-Jean, appuyée par la grande conserverie Windsor Canning ltée et par le député fédéral Pierre Auguste Martial Rhéaume, obtient l’installation d’un laboratoire plus sérieux chez nous.
Installation provisoire d'après-guerre

Guerre oblige, toutefois, ce n’est qu’en mai 1940 que le laboratoire devient fonctionnel.

Le nouvel établissement est placé sous la houlette de Jean-Baptiste Maltais, docteur de entomologie et un de nos grands hommes de science que le Québec se plaît à oublier.
Jean-Baptiste MALTAIS

M. Maltais a à son actif de nombreuses découvertes capitales, mais son nom est surtout attaché à l’étude de la résistance naturelle des plantes aux insectes ravageurs.

Jusque là, et longtemps après, la science officielle a considéré que contrairement aux animaux et aux humains, les plantes n’ont pas de défenses immunitaires.

Ce fut la gloire de M. Maltais de montrer, en partie, toute la fausseté de cette croyance.

Il a aussi mis au point – en première mondiale – un piège pour attirer les pucerons loin des cultures commerciales.  Cette technique des pièges est d’usage courant de nos jours.  Elle fut inventée à Saint-Jean.

Le laboratoire est né en de très bonnes mains.


mardi 3 mai 2016

L'ÉCOLE ILLÉGALE



En 2003, la communauté hassidique du Québec implantait l’équivalent d’une école de réforme dans un ancien couvent de Saint-Cyprien-de-Napierville sous le nom de Or Menachem.

À peine installée, l’école viole le régime pédagogique québécois et refuse d’enseigner les matières au programme, se contentant de donner un vague vernis en anglais, en histoire et en mathématiques, quelques heures par semaine, le reste étant réservé à un endoctrinement religieux massif.

Malgré cette illégalité pleinement assumée, l’école demande au Conseil municipal d’être exemptée de payer l’impôt foncier.

Refusant de se faire le complice d’un organisme hors-la-loi, le Conseil municipal l’éconduit, mais sa décision est invalidée par la Commission municipale qui, bien qu’avertie de l’anomalie de la situation,  passe outre et accorde le dégrèvement, le 1er mai 2007.

Depuis, la posture demeure tout aussi irrégulière, ce qui n’empêche pas le centre Batshaw – équivalent anglophone de la DPJ – d’y envoyer des pensionnaires…
Québec a entrepris de faire rentrer dans le rang certaines écoles juives rébarbatives, mais celle de Saint-Cyprien ne semble pas avoir encore été inquiétée.