À Saint-Bernard de Lacolle, tout près de la
frontière, subsistaient encore, il y a quelques années, les ruines du
magnifique manoir Hoyle.
Construit luxueusement en 1825 au sein d’un
magnifique et opulent domaine, le manoir était le fruit d’une crapuleuse captation
d’héritage…
Henry Hoyle, un Anglais récemment débarqué
aux États-Unis de son Lancashire natal, s’était empressé de séduire la riche
veuve Schuyler, née Visscher (cousine de Martin Van Buren, 8e
président des États-Unis (1837–41)).
L’ayant épousée pour son argent, en 1816,
il eut le malheur d’apprendre que, dans les faits, la fortune familiale appartenait
aux enfants du premier mariage.
Peu enclin à se laisser arrêter par des
subtilités légales, il s’empressa de falsifier divers documents pour évincer
leur tuteur et se substituer à lui.
Ceci réalisé, il jugea plus prudent de
quitter les États-Unis et de s’installer tout juste de l’autre côté de la
frontière internationale.
Là, il fit ériger « Rockcliffe Wood »,
aménagea autour un joli parterre et y conserva une riche collection d’objets
rares.
Il acheta même l’usufruit de la seigneurie
de Lacolle et éleva, de son propre chef, « Rockcliffe Wood » au rang
de « Manoir de Lacolle ».
De là, il gérait ses affaires, dont
notamment la contrebande de bovins qu’il achetait à bas prix aux États-Unis
avec son frère Robert, député de L’Acadie, et qu’il revendait fort cher aux
troupes britanniques d’occupation au Bas-Canada.
Lorsqu’il mourut, en 1849, l’imbroglio qu’il
avait exploité déclencha une série de poursuites judiciaires particulièrement
acrimonieuses.
Le domaine fut acheté par le Crédit foncier
en 1902 et a connu diverses vicissitudes.
Passant d’un propriétaire à un autre, peu
entretenu, abandonné sans défense aux ravages du temps et des éléments, il
était déjà devenu une ruine lamentable dans les années 1980.
Il fut carrément rasé en 2013.
Croustillante histoire. On en veut plus!
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