mardi 29 novembre 2016

QUAND LES ENFANTS DE MARIE ORGANISENT DES PARTIES DE CARTES


 
Ce n’est pas d’hier que notre système de santé, et notamment nos hôpitaux, se sentent à l’étroit dans leurs finances.
Hôpital Saint-Jean

Chez nous, à la fin de 1929, alors que les tours de passe passe des banquiers ont provoqué une crise financière mondiale, l’hôpital crie famine lui aussi et, tout comme maintenant, il quête.

Pour l’occasion, il s’est associé avec le groupe des Enfants de Marie, rassemblement de jeunes filles voué à la réalisation d’œuvres pieuses.


Que cette formation se préoccupe du bon fonctionnement de l’hôpital et cherche ainsi à contribuer au bien-être public ne doit sûrement pas étonner.

En revanche, que cette bonne intention passe par l’organisation d’une partie de cartes à but lucratif surprend un peu plus.
Canada Français, 28 novembre 1929.

C’est pourtant ce qui se passe puisque l’euchre est un jeu de cartes inventé au 19e siècle et qui est, d’ailleurs, le premier à utiliser le Joker.


Il se joue par deux équipes de deux partenaires et n’emploie que 24 cartes, du 9 à l’as de toutes les couleurs plus 4 Jokers.

Au début du 20e siècle, les parties d’euchre sont très populaires pour organiser des campagnes de souscription.
Il est donc moins déroutant de voir les Enfants de Marie s’y engager elles aussi.

mardi 22 novembre 2016

JOHN BLACK CONDAMNÉ...



En ce mercredi 25 novembre 1896, le verdict du juge Taschereau est attendu avec inquiétude ou espoir par les parties en présence.
Mademoiselle Albertine Laberge a intenté une poursuite en dommages et intérêts de 10 mille dollars – une somme considérable pour l’époque – contre le dénommé John Black qui a osé, le misérable, rompre sa promesse de mariage.

Raoul Dandurand

Mlle Laberge a eu l’habilité de recruter Me Raoul Dandurand pour défendre sa cause.

MDandurand n’est pas encore le politicien célèbre ni  le président de l’Assemblée générale de la Société des Nations (SDN, ancêtre de l'ONU) qu’il deviendra.


Pour le moment, il est surtout connu pour avoir reçu une mission de
Honoré Mercier
l’épouse d’Honoré Mercier : empêcher ce dernier de boire trop d’alcool lors de ses tournées électorales…



Mais il est aussi un excellent avocat qui a su convaincre le juge que Black avait tous les torts.

Les avocats Achille Dorion et Eugène Lafleur ont bien tout tenté pour faire innocenter leur client, allant même jusqu’à affirmer qu’il était un aliéné mental qui n’avait pas toute sa raison.

Rien n'y fait et Black est condamné à payer 2 000 dollars à la plaignante éplorée.

Il doit ensuite affronter un autre procès.

Son frère, Henderson Black, a en effet entrepris de le faire interdire – c’est-à-dire de le faire priver du droit de conclure des contrats – car il serait un ivrogne d’habitude.

Bien dédommagée, Mademoiselle Laberge l’aura finalement échappé belle.

mardi 15 novembre 2016

DANGERS MILITAIRES...




Même si notre région se trouvait fort loin du théâtre des opérations de la Première Guerre Mondiale, elle a en subi quand même quelques contrecoups graves.
 
Bien sûr, il eut la soi-disant grippe espagnole qui a exercé ses ravages chez nous comme ailleurs, mais peut-être avec moins d’intensité qu’à Québec et Montréal.

Mais il y eut aussi l’arrivée massive et mal préparée des nouvelles recrues à la base militaire…

Sam Hugues
On le sait, maintenant, Sam Hugues, l’incompétent et mégalomane ministre fédéral de la milice a organisé SA guerre comme il l’entendait, en dépit des avis horrifiés des officiers de carrière.

Aux casernes de Saint-Jean, où convergeaient beaucoup de troupes anglo-canadiennes, il laissait croupir sans mission des compagnies entières désireuses de se rendre au front.

Il en résultait de l’ennui, du désespoir et des conduites mal appropriées.

Le Canada Français donne, en 1918, quelques exemples de ces conduites indignes. 

À Iberville, le lundi 14 octobre 1918, des militaires en goguette se sont amusés, notamment, à détruire tous les
globes d’éclairage du pont Gouin.

La nuit suivante, les mêmes ou d’autres ont enfoncé et saccagé la maison de J. B. Tressider, qui venait tout juste de trépasser et dont la résidence était inhabitée.

Leur forfait terminé, ils s’en sont pris ensuite à des maisons habitées, semant la panique chez les citoyens ainsi agressés.

Saisi de ces troubles à la paix publique, le maire Philibert Contant a demandé aux autorités militaires d’instaurer une espèce de couvre-feu afin que leurs subordonnés ne puissent plus ainsi s’en prendre aux biens publics et privés.

Démarche totalement vaine, semble-t-il, puisque dès la semaine suivante, l’hebdomadaire signale une entrée par effraction dans un commerce d’Iberville, toujours.

Détail pertinent :  ce commerce tenait un débit de boissons alcoolisées et les militaires assoiffés et peu enclins à attendre l’heure légale d’ouverture avaient décidé de se servir eux-mêmes.

Nous ne savons pas si ces « bidasses » ont traversé l’Atlantique et connu le front, mais une chose est sûre :  s’ils n’ont pas fait de dégâts en Europe, ils en ont fait de notables chez nous.

mardi 8 novembre 2016

DE LA POSTE AUX ARCHIVES...




En ce 5 mai 1909, Saint-Jean inaugure son nouveau bureau de poste.

L’ancien, sis rue Richelieu, a été cédé au service de la douane, dont les activités de surveillance et de contrôle ont récemment beaucoup augmenté, surtout depuis l’implantation de la multinationale Singer dans la ville.

Le nouveau bureau de poste, avec sa prestance éclatante et son aménagement ultra-moderne fait entrer Saint-Jean dans la ligue des grandes cités presque à lui tout seul…

Planté rue Jacques Cartier à l’angle de la rue Saint-Jacques, au même carrefour que l’ancien greffe du notaire – et premier ministre – Félix-Gabriel Marchand, il dresse fièrement – grâce aux dessins de l'architecte de Saint-Jean J.E.H. Benoît - une grande tour ornée de deux énormes horloges visibles de bien loin.

En 1957, le bureau de poste est déménagé rue Champlain, ce qui libère l’immeuble de la rue Jacques-Cartier et permet d’y installer une bibliothèque jusqu’en 1963.

1968 :  catastrophe, un incendie se déclare dans l’étage supérieur.

Grâce à l’intervention rapide et judicieuse des pompiers, les dégâts sont limités, mais l’ensemble y perd sa grande tour d’angle et sa reconstruction exigerait des mises de fonds dont les responsables ne veulent pas entendre parler.

On se contente tout juste de reconstruire le toit en fausse mansarde.


Puis, en attente d’une vocation durable, l’ancien bureau de poste doit attendre 1983.

Cette année-là, il accueille dans ses murs la déjà vénérable Société d’histoire du Haut-Richelieu, société qui y loge encore et qui, grâce à ses bénévoles, continue d’offrir services généalogiques et archivistiques tout en militant pour la protection et la mise en valeur de notre patrimoine bâti.

mardi 1 novembre 2016

CHUTE ET RELÈVEMENT...




Le 3 novembre 1775, après un siège de 45 jours, la garnison britannique du fort Saint-Jean se rend à d’autres anglo-saxons.

Ceux-ci sont les insurgés étatsuniens qui ont
entrepris leur guerre de libération et qui, dirigés par le commandant Richard Montgomery, veulent l’étendre jusque chez nous.


C’est avec un brin d’amusement que les Québécois voient ces affrontements entre forces étrangères.


Ils vont même jusqu’à porter secours aux envahisseurs du sud en leur vendant – contre espèces sonnantes et trébuchantes – nourritures et fournitures diverses.


Il faut dire que les Étatsuniens ont eu la main heureuse en mettant la main sur le Fort de Chambly, le 18 octobre précédent, y puisant d’importantes quantités d’armes, de munitions et de subsistances diverses.


La chute du Fort Saint-Jean ouvrait la voie vers Montréal, mais la neutralité et le sens des affaires des Québécois ne faiblit pas pour autant.


D’une part, le célèbre « Général Hiver» s’en vient, avec ses capacités presque illimitées de venir à bout de presque n’importe quelle armée.


D’autre part, pourquoi choisir entre deux armées, aussi étrangères l’une que l’autre ?  Il sera toujours temps d’aviser le temps venu.


En fait, ce moment ne viendra que l’année suivante.


Voyant Montréal peu défendue, son
gouverneur britannique Guy Carleton se sauve en courant vers Québec.


Cette pauvre ville sera bombardée durant quatre mois, mais les assaillants sembleront plus souffrir que les assiégés.


Même les Québécois cessent de les aider puisque les Étatsuniens, à court de monnaie, ne veulent plus payer qu'avec des reconnaissances de dettes…


Prudents, les bons paysans ne se laissent pas avoir et, constatant que l’équilibre des forces semble désormais pencher en faveur des forces d’occupation britannique, ils ont tourné leur neutralité bien avisée de ce côté.


Finalement, le «Général hiver», allié aux Anglais et leurs mercenaires, eut raison des envahisseurs et, dès le mois de juin 1776, le Fort Saint-Jean était évacué par les présomptueux guerriers de Washington.


Il faudra encore que ceux-ci tentent deux nouvelles invasions et ratent deux fois - en 1812 et 1814 - pour comprendre qu'ils ne peuvent rien espérer de ce côté.