mardi 31 janvier 2017

UN VOISINAGE ÉTONNANT...



La reine Victoria


Le 22 janvier 1901 mourait la reine Victoria dans l’île de Wight, déclenchant ainsi un deuil officiel dans tout l’empire britannique.

Dès la nouvelle connue à Saint-Jean, le maire Jacques-Emery Molleur proclame un deuil municipal d’une journée pour le 2 février suivant.

Il en fait également publier l’annonce dans le Canada français du 1er février.


Toutefois, effet du pur hasard ou dérision déguisée, le texte du maire est immédiatement suivi par une publicité de laxatifs…

Voilà un voisinage étonnant!

mardi 24 janvier 2017

AU TEMPS DES MISSIONNAIRES




Le Québec, on le sait, se désengage de plus en plus de l’emprise du clergé catholique.

Mais c’est après en avoir longtemps été un rouage capital et une source abondante et valorisée de missionnai.res de toutes sortes.

C’est ainsi que le Canada français du 25 janvier 1895 nous annonce fièrement le départ du révérend père oblat Didace Guillet pour Winnipeg, où il a été nommé curé de la paroisse Sainte-Marie.

Ce départ est souligné bien sûr parce que le père
Père Didace Guillet, O.M.I.
Guillet est né à Iberville, mais aussi parce que le voilà chargé d’une paroisse en pleine expansion à l’autre bout du monde.

Mieux encore, dès son arrivée, il doit présider à l’agrandissement de l’église, qui ne suffit plus pour accueillir tous les fidèles.

Il recrute donc l’architecte Samuel Hooper et lui fait dessiner une nouvelle façade, un nouveau vestibule et lui fait agrandir les chapelles latérales.

Pour couronner le tout, il fait ajouter un clocher à l’allemande et une importante flèche.

Installé là, sa réputation se répand au loin et, en 1903, il est nommé au Minnesota dans la ville fondée par Daniel Greysolon, sieur du Luth, au 17e siècle.

Mais cette fois-ci, il n’est pas seulement nommé curé de la paroisse Saint-Jean-Baptiste, mais en véritable pionnier il implante aussi la communauté des Oblats de Marie-Immaculée dans cette région de l’extrémité du lac Supérieur.

Il y mourra en 1923.

mardi 17 janvier 2017

GRANDE VIRÉE...

Gare Windsor, à Montréal.



En ce 6 janvier 1890, l’excitation est grande à l’Hôtel de ville de Saint-Jean.


C’est que viennent d’arriver en délégation les raquetteurs – en grande tenue – du club LE TRAPPEUR, précédés de l’orchestre l’Harmonie et accompagnés des gardes du palais épiscopal.


LE TRAPPEUR est un club sélect canadien français n’acceptant dans ses rangs que l’élite économique de la métropole.

Ses membres participent encore à l’occasion à quelques courses, mais il est principalement devenu un lieu de rencontres sociales où les «citoyens distingués » de Montréal se réunissent pour des croisières au clair de lune, des dîners annuels ornés de musique et de chansons, des réceptions diverses et autres excursions.

Ce 6 janvier, sous la houlette de son président, Charles Desmarteaux, un riche commerçant et ancien conseiller municipal de Montréal, le club a nolisé un train
Charles Desmateaux
spécial pour amener tout ce beau monde de la gare Windsor à Saint-Jean, où les ont attendus en grande pompe les édiles municipaux et les dirigeants du collège militaire.


Au programme, concert et démonstration d’escrime et de gymnastique, ce dont tous les spectateurs se sont déclarés enchantés.

Pourtant, dans cette atmosphère de joie et de détente, sonnait déjà le glas du sport de la raquette, qui va néanmoins continuer à s'étioler sur une longue période.

En effet, au début de la décennie 1890, c’est le hockey qui est en vogue et qui retient toute l’attention.

Quatre ans plus tard, LE TRAPPEUR a déjà perdu la moitié de ses effectifs et il est mis en liquidation en 1895, par les avocats Beaudin et Cardinal, qui signaient véritablement ainsi l'amorce d'une longue agonie.


mardi 10 janvier 2017

ANTI-RIEL


Louis Riel


Difficile à croire, mais le gouvernement fédéral ne s’est pas contenté d’écraser dans le sang le soulèvement démocratique des Métis de l’ouest :  il est même allé jusqu’à développer une médaille pour honorer ceux qui ont participé au massacre.

Il est bien connu que la création d’une médaille honorifique constitue une méthode économique de remercier des personnes s’étant sacrifiées pour faire avancer les intérêts de quelques uns.

Dans le cas qui nous occupe, le gouvernement qui a procédé à un véritable assassinat judiciaire sur la personne de Louis Riel, fondateur du Manitoba, a décidé, en 1898, 18 ans après l’invasion dite de la rivière Rouge, d’inventer la « médaille du service général » pour remercier ceux qui ont participé à ce carnage(1).

Mais peut-être faut-il penser que le fait d’armes manitobain n’était pas vraiment ressenti comme glorieux puisqu’en janvier 1907, presque vingt ans plus tard, Ottawa lançait un nouvel appel de candidatures et repoussait la date d’échéance pour le dépôt des postulations.

À Saint-Jean, c’est le registraire de la ville et ancien officier militaire, Me J-P Carreau, qui a été chargé de recevoir les demandes.

L’histoire ne dit pas s’il en a reçu.

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(1) La médaille soulignait aussi les manoeuvres destinées à repousser l'invasion des militants irlandais connus sous le nom de Féniens.

mardi 3 janvier 2017

MORT D’UNE IMMENSE VEDETTE




En ce mercredi 6 janvier 1937, l’émotion est grande.

Pas seulement à Montréal et au Québec, mais aussi un peu partout en Amérique du Nord et en Europe.

C’est que le Frère André, portier de son état, vient de mourir, laissant dans le deuil tous ceux qui ont cru à son miraculeux pouvoir de guérir les maladies les plus récalcitrantes grâce à la prière.


Dès le lendemain, le Canada Français consacre à cette perte une bonne partie de sa Une.

Le Frère André, de son vrai nom Alfred Bessette, n’est-il pas un « petit gars du coin » ?

Fils du bûcheron Isaac Bessette, il est en effet né à Mont-Saint-Grégoire puis a grandi à Farnham et à Saint-Césaire.

Affligé d’une faible constitution et d’une santé fragile, il fréquente fort peu l’école et va de ville en ville à la recherche d’un quelconque métier. 

Il se rend même travailler dans les grandes filatures de la Nouvelle-Angleterre.

À 25 ans, de retour au Québec et toujours
Collection BANQ
insatisfait des emplois auxquels son illettrisme le condamne, il se présente à la congrégation Sainte-Croix dont le noviciat se trouve au collège Notre-Dame, planté au pied du Mont-Royal de Montréal.


Là aussi son manque d’instruction et sa santé délicate font problème, mais sa piété est telle qu’elle prévaut sur tout.

C’est que le Frère André – c’est le nom religieux qu’il s’est choisi – s’impose de constantes  privations, porte une ceinture à pointes de fer et s’arrête à tout instant et en tout lieu pour prier en mettant les bras en croix.

Cette particularité, jointe à une humilité sans borne, le fait vite remarquer et déjà on lui attribue la guérison de deux collègues.

Il n’en faut pas plus pour que sa renommée déborde d’abord sur le quartier environnant puis un peu partout au monde.

L’afflux des pèlerins ne cesse de croître et le Frère André en profite pour les initier au culte de Saint-Joseph.

Contents de son accueil, ils lui laissent des dons en argent ou en nature qu’il va utiliser pour réaliser son rêve :  ériger un vaste oratoire sur la montagne.  

Il a déjà fait construire une petite chapelle qui a dû être agrandie 4 fois et il songe maintenant à quelque chose de véritablement approprié à cette demande qui ne cesse de croître.

La construction de la basilique – qui deviendra la deuxième plus grande église catholique au monde, après Saint-Pierre de Rome – débute en 1924 et se terminera en 1967, longtemps après la disparition de son promoteur infatigable.

Tout cela explique l’immense émotion suscitée par son décès, émotion qui mènera même à la signature de diverses pétitions par 10 millions de personnes réclamant la canonisation du thaumaturge.

Ce sera chose faite en 1982 par le Pape Jean Paul II.