mardi 26 septembre 2017

VIVE LES PRÉMONTRÉS...



Abbaye de Tongerloo - Wikipédia


En ce mardi 27 septembre 1949, l’heure est à l’exultation.


Les prémontrés que Mgr Anastase Forget, évêque de Saint-Jean, a réussi à attirer à Saint-Bernard-de-Lacolle, arrivent au port de Montréal à bord de l’Empress of Canada.


Ils sont dix et un imposant convoi de 50 voitures arborant les couleurs papales est parti de Saint-Bernard pour les accueillir comme il se doit.


Une fois les formalités douanières terminées, les missionnaires sont emmenés à Saint-Jean où Mgr Forget les attend dans un concert de cloches plein d’allégresse.


Une généreuse réception leur est offerte avant de les conduire à Saint-Bernard où une autre fête les attend.


C’est que la venue de ces Prémontrés a été précédée de longues négociations par lesquelles il a été entendu que les nouveaux arrivés seront chargés de la paroisse et qu’ils y érigeront également une vaste abbaye dans le goût de cette communauté multi-séculaire.


L’ordre des Prémontrés en effet né de l’initiative de Saint-Norbert au 12e siècle, mais s’inspire des règles énoncées par Saint-Augustin au 5e siècle.


Le groupe qui arrive a été détaché par l’abbaye de Tongerloo, près d’Anvers, en Belgique. 


Il a déjà acheté un vaste terrain tout autour de l’église de Saint-Bernard et il prévoit déjà y construire un monastère pour héberger ses membres et pour y cultiver un jardin potager afin d'assurer l’auto-suffisance.



Le monastère sera construit presque immédiatement et reliera le presbytère pré-existant à l’église.


Mais l’ambition dépasse largement cette première construction, car c’est véritablement une gigantesque abbaye que les Prémontrés ont dans leurs cartons…



Ils n’auront cependant jamais rempli cette part de leur mission et la magnifique abbaye ne verra jamais le jour.  


En 1968, en effet, la communauté migre vers Saint-Constant afin de se rapprocher à la fois de l’Université de Montréal, avec laquelle elle a tissé des liens officiels, et d’une population plus dense mieux susceptible de lui assurer une subsistance suffisante.


Quant à Saint-Bernard, ce passage de moins de 20 ans ne subsiste plus que dans les mémoires, car le monastère reliant l’église au presbytère a été détruit, effaçant toute trace physique de cette courte présence.


mardi 19 septembre 2017

À L'Acadie, un personnage historique...




Parfois, Québec sait reconnaître les mérites de ceux qui nous ont précédés.
 
Mère Marie-Léonie (1)
Ainsi, c’est le cas d’Alodie-Virginie Paradis qui, sous le nom de Sœur Marie-Léonie, sera connue comme femme de tête, fondatrice de solides institutions et qui, en 1984, sera béatifiée par le pape Jean-Paul II.

Elle vient, le 20 décembre 2016, d’être désignée « personnage historique » par le ministère de la Culture.

Alodie-Virginie est née à L’Acadie le 12 mai 1840 et, dès son plus jeune âge, elle est guidée vers la vocation religieuse, laquelle vocation se concrétisera en 1857 avec la prononciation de ses vœux et le choix du nom de Sœur Marie-Léonie dans la communauté des Sœurs de Sainte-Croix.

Âgée d’à peine 17 ans, elle est tout de suite  chargée d’enseignement dans la région de Montréal avant d’être affectée aux États-Unis en 1862 où, jusqu’en 1874, elle enseignera à New York, en Indiana puis au Michigan.

En 1874, à l’âge de 34 ans, elle est affectée au collège Saint-Joseph de Memramcook, au Nouveau-Brunswick, collège qui venait d’être fondé à peine dix ans plus tôt pour valoriser la conscience collective des Acadiens.
Collège Saint-Joseph (2)

 C’est dans ce poste qu’elle prend conscience des énormes besoins des Pères en matière de soins domestiques de base et c’est là qu’elle décide, en 1880, de fonder une nouvelle communauté de sœurs – l’Institut des Petites Sœurs de la Sainte Famille – pour assurer l’intendance dans  les collèges,  séminaires, évêchés et maisons de formation de prêtres.

15 ans plus tard, elle décide de déménager le siège de sa communauté à Saint-Jean, mais l’évêque de l’époque, John Sweeny, lui en refuse l’autorisation.

Peu décidée à se laisser intimider, elle se tourne
Mgr Paul Larocque (3)
immédiatement vers l’évêque de Sherbrooke, Mgr Paul Larocque, qui l’accueille, lui, à bras ouverts.

À partir de là, la communauté connaît une expansion quasi explosive.

On la voit desservir 42 maisons au Québec, en Ontario, au Nouveau-Brunswick et aux États-Unis.

En 1912, année de son décès, Mère Marie-Léonie présidait une communauté de 600 sœurs.

Quand on songe qu’il se trouve encore des commentateurs pour prétendre que les Québécois n’ont ni sens de la gestion ni ouverture sur le monde…

_______________
(1) Source : JdeM
(2) Source : Wikipédia 

(3) Source : http://www.biographi.ca/fr/bio.php?id_nbr=8227

mardi 12 septembre 2017

LE PREMIER



Fort Saint-Jean vers 1750.



Saint-Jean vient de célébrer le 350e anniversaire de sa fondation.

En fait, ces célébrations ont souligné avec apparat la construction du premier fort, en 1666[1].

Mais, durant fort longtemps, la région n’aura été occupée que par des militaires.

En effet, le Richelieu – qu’on appelait la rivière des Iroquois, à l’époque – constituait une voie toute trouvée pour les raids amérindiens meurtriers.

Malgré les prodiges du régiment de Carignan, la région était vraiment trop dangereuse pour que des civils s’y installent.

Pourtant, le besoin s’en faisait sentir avec de plus en plus d’insistance et, en 1755, confiant en l’avenir, Joseph-Jacques Payan, dit Saint-Onge, se fait concéder une terre au nord du fort et près de la rivière.

Nous avons là le premier colon de Saint-Jean.

Toutefois, bien que détenteur d’une terre de 60 hectares, Payan n’était agriculteur que de nom.
 
Modèle de goélette.  Source : Wikipédia
En fait, il assurait le transport de munitions entre le fort Saint-Jean et les forts français érigés le long du Richelieu ou en bordure du lac Champlain : Fort Frédéric, Ile aux Noix, Fort Chambly et peut-être Fort Carillon.

Il avait d’ailleurs été affublé du surnom d’ « amiral du lac Champlain », ce qui soulignait avec éclat son occupation principale.

Durant la guerre d’invasion britannique, Payan, dirigeant sa goélette LA VIGILANTE, se couvrit de gloire en faisant s’échouer les navires ennemis ou en échappant à leurs manigances.

Après la guerre, il se retira à Chambly, mais il n’en mérite pas moins le titre de premier colon de Saint-Jean, puisqu’il s’y était installé à l’extérieur du fort avec son épouse Marie Legris et sa famille.


[1] Encore que cette date varie d’une année ou deux selon les auteurs consultés...