mardi 31 octobre 2017

UN CADEAU REMARQUABLE...





Le Canada français du 31 octobre 1902 nous apprend que le célèbre chirurgien Henri Lasnier a fait un cadeau princier au club Richelieu de Saint-Jean :  un canon ayant servi lors de la révolte des Patriotes en 1837.
 
Célèbre chirurgien, en effet, car le Dr Lasnier sera le premier radiologue montréalais.  

Docteur Henri Lasnier (1)
Reçu médecin en 1895, il part en France se former aux hôpitaux d’Auteuil et Saint-Antoine de même qu’à l’Institut Pasteur.

Il se trouve donc en Europe lors de la découverte des rayons X par Roentgen et il s’y intéresse immédiatement, car il saisit tout le potentiel médical de ce nouveau phénomène.

 Il passe ensuite à Londres où il exerce comme chirurgien au London Hospital avant de revenir à Montréal, en 1900, muni d’un tube à Rayons X de la très renommée société Gaiffe-Gallot & Pilon, un des établissements les plus en vue dans la construction d’appareils scientifiques.
 
Tube de Gaiffe (1)

À peine revenu, il ouvre une clinique rue Saint-Denis, à Montréal, tout en dirigeant bientôt le laboratoire de Rayons X installé Avenue des Pins, avant de devenir radiologiste attitré à l’hôpital Sainte-Justine, en 1909, et d’assurer à son bureau le service d'électricité médicale de l’hôpital.

Puis il s’installe quelques années dans l’Ouest canadien avant de se trouver à Malte, en 1915, comme médecin militaire durant la première guerre mondiale. 

Mais là n’est pas notre propos.

Ce qu’il faut noter c’est que même très bien installé dans sa carrière montréalaise, il ne négligeait pas Saint-Jean pour autant puisque tous les samedis il offrait des consultations médicales dans une maison de la rue Champlain.

Le don du canon devait s’expliquer par les liens que le bon docteur maintenait avec Saint-Jean.
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(1) Source :

Quand un instrument engendre un groupe social :  histoire de la profession de radiologiste au québec, 1895-1960, thèse présentée comme exigence partielle du doctorat en histoire, alain couillard, uqam, décembre 2015.

mardi 24 octobre 2017

L’ANCIEN DÉPUTÉ DE SAINT-JEAN IBERVILLE DÉMISSIONNE...



                                      Source : biographi.ca


Joseph-Israël Tarte a laissé l’image d’un politicien professionnel qui a été beaucoup plus préoccupé de son avancement personnel que du bien public.


Cette poursuite effrénée de la réussite l’a amené à constamment se dédire, se contredire et à combattre ce qu’il défendait la veille.


Elle l’a aussi amené à militer dans les rangs de divers partis – le conservateur et le libéral notamment – ce qui lui a apporté de solides inimitiés.


En 1896, par exemple, entré dans le giron de Wilfrid Laurier, il ne réussit même pas à se faire élire dans Beauharnois malgré la victoire éclatante des troupes libérales.


Il réussit alors à décrocher un siège dans le comté de Saint-Jean-Iberville comme prix de consolation, prix de consolation qui lui vaut quand même d’être nommé ministre des travaux publics, c’est-à-dire préposé officiel au « patronage ».


Mais, malgré cette promotion, il abandonnera sa circonscription dès les élections suivantes, en 1899, pour se présenter dans Sainte-Marie, à Montréal.


Puis, il entreprend à nouveau de se causer des ennuis.


Il trouve que les troupes de Laurier sont trop molles lorsqu’il s’agit de protéger les Canadiens contre l’impérialisme britannique et l’impérialisme étatsunien et il voudrait que les tarifs douaniers soient haussés sensiblement pour protéger l’industrie locale[1].


Les libéraux lui semblent trop tièdes face à cette idée alors, en 1902, il profite d’un voyage de Laurier en Europe pour lancer, en tant que ministre fédéral, une vaste campagne de promotion en faveur du rehaussement des tarifs.
 
Source : wikipédia

Mal lui en prend, car, dès son retour, Laurier exige sa démission en lui expliquant qu’il n’a pas à défendre ainsi publiquement une politique qui n’a pas encore été arrêtée par le gouvernement.


Bon joueur, il lui permet de démissionner plutôt que d’être congédié, ce que Tarte fait publiquement dans une lettre publiée notamment par le Canada français du 24 octobre 1902…



Puis, à peine cette épreuve terminée, il se tourne à nouveau vers le parti conservateur dont il devient l’organisateur en chef pour le Québec.


«Vire capot» par excellence, il ne se représente cependant plus aux élections et il meurt le 18 décembre 1907, à l’âge de 59 ans.



[1] On se croirait en pleine bataille contemporaine entre les tenants de la mondialisation – qui y voient la voie de l’avenir – et les nationalistes qui y voient la mort des nationalités et le remplacement des gouvernements par les multinationales, les seules à vraiment en profiter.

mardi 17 octobre 2017

QUERELLE DE CLOCHER...



Au début des années 1820, l’arrière-grand-mère de Maurice Duplessis, Marie-Flavie Raymond[*] fondait le village de Saint-Jacques-le-Mineur et entreprenait d’y attirer des villageois en provenance essentiellement de Laprairie.


Très rapidement, la question d’une église à construire se
présente et l’archevêque de Québec, Mgr Joseph Signay érige canoniquement la paroisse le 26 novembre 1834 en détachant des parties des paroisses voisines de Saint-Philippe, L’Acadie et Saint-Cyprien.


Mais si cette procédure cléricale se déroula à peu près sans anicroche, il en fut tout autrement pour l’érection civile de la municipalité.


La plupart des acheteurs de lots n'étaient venus s’installer là que parce que la seigneuresse Raymond n’imposait aucune autre règle que celle de construire une maison, de clôturer les terrains et de payer les redevances prévues au contrat de vente.


L’érection civile menaçait de ruiner cette charmante anarchie et mener directement à l’adoption de règlements de même qu’au prélèvement d’impôts pour financer la construction d’équipements collectifs…


Or, encore plus que de nos jours, les impôts sont très mal vus à cette époque et combattus avec la dernière énergie.


Un fort groupe de citoyens s’oppose fermement à l’érection civile et ne doit s’avouer vaincu qu’en 1840.


Ce n’est que cette année-là, 6 ans après la naissance officielle de la paroisse, que le premier curé, François-Magloire Turcot (1840-41), pourra faire construire son église.  




Auparavant, les prêtres desservants devaient se contenter d’une petite chapelle provisoire pour procéder aux divers offices du culte. 



La querelle autour du clocher (en fait la première église en aura deux) venait de prendre fin.




(1) Première église de Saint-Jacques.  Source : Le diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle, disponible en ligne à archive.org.