mardi 17 janvier 2017

GRANDE VIRÉE...

Gare Windsor, à Montréal.



En ce 6 janvier 1890, l’excitation est grande à l’Hôtel de ville de Saint-Jean.


C’est que viennent d’arriver en délégation les raquetteurs – en grande tenue – du club LE TRAPPEUR, précédés de l’orchestre l’Harmonie et accompagnés des gardes du palais épiscopal.


LE TRAPPEUR est un club sélect canadien français n’acceptant dans ses rangs que l’élite économique de la métropole.

Ses membres participent encore à l’occasion à quelques courses, mais il est principalement devenu un lieu de rencontres sociales où les «citoyens distingués » de Montréal se réunissent pour des croisières au clair de lune, des dîners annuels ornés de musique et de chansons, des réceptions diverses et autres excursions.

Ce 6 janvier, sous la houlette de son président, Charles Desmarteaux, un riche commerçant et ancien conseiller municipal de Montréal, le club a nolisé un train
Charles Desmateaux
spécial pour amener tout ce beau monde de la gare Windsor à Saint-Jean, où les ont attendus en grande pompe les édiles municipaux et les dirigeants du collège militaire.


Au programme, concert et démonstration d’escrime et de gymnastique, ce dont tous les spectateurs se sont déclarés enchantés.

Pourtant, dans cette atmosphère de joie et de détente, sonnait déjà le glas du sport de la raquette, qui va néanmoins continuer à s'étioler sur une longue période.

En effet, au début de la décennie 1890, c’est le hockey qui est en vogue et qui retient toute l’attention.

Quatre ans plus tard, LE TRAPPEUR a déjà perdu la moitié de ses effectifs et il est mis en liquidation en 1895, par les avocats Beaudin et Cardinal, qui signaient véritablement ainsi l'amorce d'une longue agonie.