mardi 21 février 2017

L'UNIFORME DÉSHONORÉ



À l’instar de la Première Guerre Mondiale, la deuxième a été marquée chez nous par la fameuse crise de la conscription, les nôtres refusant d’être incorporés de force dans l’armée canadienne alors que le gouvernement avait promis de ne jamais les y contraindre.


Ce refus était d’autant plus solide que les officiers canadiens refusaient de parler français et imposaient aux nôtres les brimades les plus vexantes.

Mais il ne faut pas oublier qu’en marge de ce mouvement de résistance, il se trouvait des jeunes décidés à fuir le quotidien qui leur pesait en misant tout sur l’armée.

L’épisode qui suit montre que l’aventure militaire ne suffisait pas à tous.


À la mi-février 1942 comparaissent à Saint-Jean 3 soldats de la base de Farnham qui se sont livrés à des vols de vêtements.

Aux mois de décembre et de janvier précédents, ils sont en effet venus à Saint-Jean voler des vêtements de grande valeur[1] chez des teinturiers de la ville, vêtements qu’ils ont ensuite revendus à bon prix à des regrattiers de Montréal…

Les 3 accusés ont à peine 18 ans chacun.


Le 20 février, deux d’entre eux seront condamnés à 2 ans d’emprisonnement tandis que le troisième, leur chauffeur, s’en tirera avec un mois à l’ombre.

En prononçant la sentence, le juge Lalande ne s’est pas privé de semoncer les accusés, les comparant aux « soudards nazis, que l’on accuse précisément de dérober le bien d’autrui. »


[1] Les vêtements dérobés étaient évalués à plus de 1 000$, soit près de 15 000$ en dollars de 2017…